Episode 9
9-L' OMELETTE AU CAVIAR
.....Le petit-déjeuner était servi entre sept et huit heures, madame petit-déjeunait d'une omelette au caviar d'une salade de huit fruits frais différents à température ambiante dans huit saladiers différents .
Hyper active il fallait la suivre avec son plateau petit-déjeuner, les cuisiniers devaient refaire son omelette car madame petit-déjeunait en marchant.
Le deuxième jour, j'avais délégué le Kosovar aux dents d'or qui la suivait comme un petit toutou avec une calabaza de yerba maté à soixante-cinq degrés précis munie d'une bombilla d'argent.
Les enfants éduqués par des institutions very British étaient conscients du respect que l'on doit au personnel de maison & au majordome, ils savaient jusqu'où ne pas aller, moi aussi.
Les parents étaient stricts dans le respect du protocole, des usages, de la tenue à table, le savoir-vivre, le savoir-être étaient des réflexes naturels.
Avant chaque diner nous sortions de la salle à manger, le père invitait les participants à se lever, se prendre la main, il remerciait et bénissait l'éternel pour ce repas, ceux qui le partagent, ceux qui le préparent, ceux qui le servent ceux qui le mangent etc...
Chaque soir un enfant se levait pour remercier l'éternel et réciter les bénédicités.
Après la bénédiction nous entrions en scène pour le diner-spectacle servi sous la forme d'un immense buffet.
Monsieur exigeait que l'on débarrasse rapidement les assiettes sales, que l'on change les couverts & services constamment, il ne supportait pas d'entendre un bruit d'assiette ni de couvert, il exécrait les bruits des chaussures.
Au petit déjeuner nous étions chaussés avec des charentaises locales !
Le buffet était desservi lors du service des tisanes, et pendant la cérémonie du cigare.
Enfants hyper-actifs de parents eux-mêmes hyper-actifs, il obtinrent une salle et une table séparée mais se servaient après les adultes, ils zappaient le dessert pour se retrouver dans la salle de bal avec des horribles friandises de gosses que j'achetais par kilo.
Au bout de deux jours ils avaient squatté cette pièce que nous avions transformé en dortoir avec des matelas futons.
Ils dormaient chacun dans leur sac de couchage, c'était un camping de luxe une sorte de yourte, un cocon pour ados, nous avions l'interdiction d'y entrer.
Il n'y avait pas de service de la couverture en revanche un petit meuble
réfrigéré conservait chocolats, boissons gazeuses, et divers bonbons.
La maman venait les réveiller le matin pour assister au petit-déjeuner-conférence, précédant l'arrivée des professeurs de ski , ils décidaient ensemble des activités du jour que nous proposions, pour revenir vers seize heures au chalet.
L'après midi on dressait les tables selon les souhaits de la maîtresse de maison, un thème et un décor différent tous les soirs avec des animations, surprises, invités mystère, distributions de cadeaux etc...
J'avais sollicité l'aide des grands hôtels locaux pour utiliser les prestations de leur personnel para-médicalisé.
Dés le retour du ski, un escadron de coiffeurs, manucures, pédicures, maquilleuses, masseuses entrait en scène .
On installait plusieurs centaine de bougies et lanternes de différentes couleurs puis on préparait l'avant-diner avec un cérémonial qui convenait à toute la famille.
On tranchait les jambons sur place on présentait les vins , nous débouchions, décantions les bouteilles avec art & distinction.
Monsieur nous déléguait la dégustation.
Je devais payer les prestataires tous les soirs avec reçus justificatifs comme le disait Voltaire: pas de Suisses pas d'argent, pas d'argent pas de Suisses.
Pour aider les enfants à devenir des maîtres et des maîtresses de maison de grande classe j'eus l'idée ludique d'impliquer les enfants en matière de savoir-faire de luxe en gastronomie et art de la table.
Tous les soirs il y avait le concours du meilleur trancheur de pata negra, de saumon, comment marier le blinis et la caviar, comment choisir et déboucher un grand crû, le champagne, servir une vodka ..
Il y avait un jury qui décernait les prix tous les soirs, mon initiative était très très appréciée, les petits privilégiés du monde jalousaient nos enfants.
J'avais recruté pour les après-midi et pour les soirées des animateurs locaux: un conteur une conteuse, un joueur d'alp horn, un trio musical, une tireuse de carte & Madeleine une médium pure, particulièrement sollicité par monsieur & madame.
Ce petit monde nous suivait lors de soirées à thèmes extérieures.
Nous avions nos courtisans, nous avions notre cour.