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The mystery Butler | Majordome | Trop beau pour être honnête

Trop beau pour être honnête | Episode 2

10- Pense-bête à spirales.


Dès mon entrée en fonction,  je m’équipais d’un petit carnet à spirales revêtu de trombones et d’un stylo à quatre couleurs.

Petite bureautique très utile qui m'accompagnera toute ma vie. 

J’ai conservé tous ces carnets qui me permettent de situer et de me remémorer presque tous les événements qui vont suivre.

Je notais sur mon petit pense-bête ses habitudes, ses souhaits, ses projets, ses goûts, la liste des achats à faire pour aujourd'hui, et les  jours à venir.

A la fin de ma période de trois mois, ma période d’essai fut transformée en contrat à durée indéterminée. 

Je me séparais un tout petit peu de mon légendaire carnet à spirales. Devenu presque son clone, j'utilisais les replis de ma mémoire. 

Je fonctionnerais toute ma vie comme cela, je m’imprégnais, je me reliais,  j’interprétais, puis  je  m’efforçais d’anticiper. 

Je consignais presque tout l’essentiel, ce qui me m’épargnera plus tard quelques soucis.

Désormais, le carnet ne me servirait uniquement que pour noter les grands axes de notre relation professionnelle ainsi que pour noter les anecdotes que vous retrouverez dans mes écrits.  

La deuxième semaine, suivant ma prise de fonction, il visita deux appartements qu'il avait acquis à fin d'investissement, on fit une visite de fin de chantier, précédant la visite de réception du chantier. 

Je découvrais un nouveau métier, j’ajoutais une nouvelle corde à mon arc: le suivi de chantier, la fin de chantier, la réception du chantier.

Par réflexe, je notais toutes ses observations et choses non conformes mal fignolées ou oubliées. 

Avec lui, le diable ne se cachait jamais dans les détails. 

De retour au bureau Robin et moi-même convoquions pour le lendemain, toutes les entreprises, tout corps d'état pour remédier, corriger les manques & défauts puis le cas échéant appliquer les pénalités si les délais et le cahier des charges n'étaient pas respecté.

Je me souviens de sa colère lorsqu’il découvrit au dessous de la trappe de visite d’une baignoire: des gravats. 

Il fit déposer toutes les baignoires et nettoyer l’ensemble du chantier. 

Dès cet incident, les entreprises avaient l’obligation de laisser tous les soirs un chantier impeccable. 

Quand le bâtiment va: tout va, mais quand ça n’allait pas, on pénalisait l’incompétence et l’inefficacité.


11- Mes premiers mois. 


Les premiers mois s’écoulèrent pratiquement sans aucuns problèmes. Je profitais de son absence les we,  pour organiser au mieux son appartement, essayant de l’aménager rationnellement en toute tranquillité.

J’en profitais pour découvrir Paris et ses marchés aux puces, j’étais habillé en vers luisant, casqué, sur mon vélo cannondale rouge. 

Il m’était difficilement passer inaperçu. 

J’avoue que je n’étais pas très doué en décoration intérieure, je n’avais vraiment pas de goût, saufs ceux que mon éducation familiale m’avait inculqué , la sobriété, la simplicité: l’épuré.

J’allais réapprendre le sens du beau et de l’harmonie "version triangle d’or". 

Monsieur m’avait doté de plusieurs cartes de crédit de société, je me transportais au BHV pour m’équiper d’un matériel de base, une caisse à outils, une perceuse, de la visserie, des chevilles, je m’improvisais bricoleur. 

Je n’avais pas conscience à cette époque que j’étais un complice passif d’un abus de biens sociaux. 

Je payais avec des cartes de crédit de société pour ses dépenses à des fins personnelles.

J’ai rapidement admis la dangerosité de cette utilisation. 

Dès cette prise de conscience, j’ai refusé l’acceptation de toutes procurations à son service. 

J’avais toujours en permanence à disposition une très grosse somme d’argent, il me suffisait de prévenir la banque pour ré-approvisionner rapidement la caisse de ma "liste civile". 

À cette époque, il n’était pas suspect de payer avec des coupures de 500frs. 


Dès le début je conservais toutes les notes de frais que je remettais ensuite au comptable. Je m’aperçus que mes justificatifs finissaient dans la poubelle. 

Drôle de comptabilité ! drôle de comptable ! me disais-je...

Il avait également acquis l'appartement en dessous de sa garçonnière, appartement qui deviendra mon logement de fonction. 

J'avais suffisamment de place et de volume pour m'organiser. 

Je préparerais la mise en scène de son pied-à-terre résidentiel et de son  ‘’baise-en-ville’’ pour ses éphémères relations affectives. 

Je commençais à ordonner le dressing,  j'installais la buanderie, les placards, je sélectionnais les voilages, les rideaux, les tringles. 

À cet effet, je  m’étais fait confier des nuanciers de tissus, d’étoffes et de différentes tapisseries etc.

Je présélectionnais les matières, les styles, les formes, j'assemblais le tout dans une pièce et je lui soumettais mes  idées, mes choix, les devis. 

Je le laissais seul décider et payer par chèques de société. 

Je n’avais pas de goûts sûrs, je préférais qu’il décide, qu’il tranche lui-même.

La coordination devait être logique et facile; il n'aimait pas les prises de têtes, n'aimait surtout pas les interventions féminines. 


12- Ses pieds-à-terre.


Mon boss était domicilié officiellement au dernier étage d’un immeuble de standing avenue montaigne Paris huitième arrondissement. 

L’immeuble disposait d’un service de conciergerie & de majordome, fonctionnant sept jours sur sept, vingt quatre heures sur vingt quatre.

Sa résidence principale était située presque en face du Plaza Athénée. Il y disposait d’une surface d’environ de trois cent m2, sommée d’une terrasse de la même superficie.

C’était précisément cet appartement que j’avais à organiser en premier. 

Il y vivait, plus exactement il y campait, depuis quelques mois, il attendait mon recrutement pour finaliser son installation. 

Les transporteurs nous avaient livré une quantité de gros cartons, beaucoup de boîtes à inventorier, à déballer, à classer, à organiser. 

Dès mon entrée en fonction, je le rejoignais tous les matins à son domicile pour  préparer son petit déjeuner, j’apportais la presse nationale et internationale ainsi que les meilleures viennoiseries de Paris.

Pendant qu'il buvait son café, je préparais ses vêtements chaussures et accessoires puis, nous remontions vers les bureaux avenue Georges V en empruntant le "chemin des concierges" 

C'était l'heure des gardiennes d'immeubles qui astiquaient les cuivres, les plaques des portes, et, rentraient les poubelles, c’était donc facile de leur parler simplement. 

Bonjour madame bonne journée, des mots banals, mots simples, mais mots surprenants pour une concierge et pas anodin car en installant un capital de sympathie on créait des liens, on apprivoisait "la public relation de l'immeuble" cheffe des renseignements généraux locaux.


Nous espérions le jour où il y aurait enfin un échange de mots et : "voici ma carte si vous entendez parler d'appartements à la vente en direct du propriétaire, je vous remercie de nous faire signe en cas de décès, partage, n'hésitez pas de nous le faire savoir, nous cultivons généreusement la gratitude . 

Notre réseau allait fonctionner à merveille au delà de nos espérances. 

Notre service de renseignement se mettait en place petit à petit. J’ignorais à cet instant que ce mode de communication humaine allait amener à notre groupe, l’achat d’immeubles puis d’hôtels. Comme l’écrivait : J de la Lafontaine dans le fable le lion et le rat : « on a souvent besoin d’un plus petit que soi » j’étais devenu son petit rat.



13- Mon installation hiérarchique.

 

Robin "le secrétaire filiforme" avait beaucoup de peine à m'intégrer, cette rivalité agaçait mon boss, pour couper court, il lui demanda de faire livrer au bureau quatre déjeuners, nous trois et le comptable. 

Pendant le repas, il fit rédiger par ce dernier mon nouveau contrat de travail à duré indéterminée fixant mes prérogatives et la hiérarchie au bureau. 

Robin était et restait un employé qui m'était dorénavant subordonné.

Il prit de drôles de couleurs et devint subitement tout doux comme un petit chat tout doux.

Quelques semaines plus tard notre lobbyisme matinal auprès des gardiennes d'immeubles ne tarda à porter ses fruits, j’étais devenu le Jules des loges. 

Comme tout apporteur d’affaires, je percevais en cash mes commissions qui étaient relativement confortables, leurs montants me permettaient d’économiser entièrement mon salaire mensuel. 

Mon contrat stipulait qu’un appartement ainsi qu’un véhicule étaient liés à mes fonctions.

Monsieur me demanda de choisir parmi les deux appartements récemment acquis lequel serait lié à ma fonction. 

Un mois de travaux plus tard, je quittais ma chambre de bonne rue de Lille, pour m’installer rue Lauriston près de l'arc de triomphe proche de la place Victor Hugo.

J’avais finalement choisi le 80M2 avec une cave, une chambre de service et 2 places de parking, l’appartement du dessous étant exclusivement réservé à ses éphémères rencontres affectives, ses pulsions, ses coups de  cœur. 


14-Le véhicule de fonction.


Je devais également prendre possession de ma nouvelle voiture, un 

samedi, je suis descendu au parking, je cherchais parmi les petits véhicules, essayant toutes les clés. 

Un usager du parking sourit en observant mes hésitation, "vous cherchez à voler une ? 

Rassurez-vous je cherche une voiture que je ne connais pas encore !

Appuyez sur le boîtier" aussitôt dit aussitôt fait. 

Une grosse berline BMW se manifesta par un clicclic clac. 

Je regardais  mon nouvel outil de travail avec une certaine appréhension. 

Les portières étaient lourdes et épaisses, la caisse reposait sur quatre roues très très larges avec des enjoliveurs très cool, que l’on nous dérobera hélas plusieurs fois.

Une fois installé dans le très confortable habitacle, je n’entendais aucun bruit, il y avait une isolation phonique extraordinaire, ce qui  m’effrayait un peu, j’avais l’impression d’entrer dans le monde du silence.

Il y avait des boutons et des manettes tout autour du volant et sur le tableau de bord, je me croyais aux commandes d’un jet. 

L’engin était équipé de nombreux petits moteurs électriques,  les sièges étaient chauffants et massaient le dos en roulant. 

Le compteur indiquait deux-cent quatre-vingt km/h .

Je n’étais pas formé pour aller aussi vite mais, monsieur allait essayer désespérément de m’instruire, de me former. 

Un samedi, je suis sorti du parking, enfin, j’ai essayé de sortir. 

Mon boss avait équipé tous ses bolides de coupe-circuits.

Ce système état installé dans coffre, il fallait le trouver et le réactiver par une petite clé anodine. 

Une fois le déverrouillage effectué, l’automobile pouvait démarrer. 

Je transpirais de stress, je n’avais pas en tête les dimensions de la rampe, elle me paraissait trop étroite, j’avais vraiment la trouille de frôler et toucher les murs. 

Il m’a fallu une quinzaine de minutes pour arriver en surface en franchissant les deux portails.

C’était la première fois que j’avais à ma disposition une voiture aussi somptueuse, surtout aussi puissante. 

J’ai rejoint la porte dauphine par l’avenue Foch, puis je me suis dirigé vers le bois de Boulogne, j’ai tenté une pointe "chevaux hurlants" vers Suresnes, ça vibrait drôlement sous le capot, beaucoup trop pour moi. 

J’ai tout de suite admis que cette puissance n’était pas nécessaire ni adaptée pour Paris, ni pour moi .

Je n’avais pas d’utilité ni besoin d’une voiture aussi puissante comme outil de travail. 

Je revenais à mon point de départ, je remettais à sa place mon bolide, avec l’intention d’acquérir une bicyclette, un gilet fluorescent et un casque. 

C’est ainsi que mon boss me baptisa : le ver luisant á pédales.


15- Majordome à tier-temps.


J’avais carte blanche pour veiller sur la logistique de Stanis avec un budget illimité .

C’était la première fois que j’avais autant d’argent à ma disposition. 

En effet, j’avais à beaucoup d’argent, j’avais quelquefois 

l’impression que nous possédions un filon inépuisable, une source intarissable, une fabrique à billets. 

 Cependant, je ne dépensais pas un franc de trop, je veillais à la juste dépense présentée, budgétée et soumise antérieurement.

 Un cahier de comptes justifiait mes dépenses avec les colonnes actif, passif, solde. 

J’agrafais tous les justificatifs soigneusement avec un numéro d’affectation de la dépense, il appartenait au comptable d’effectuer ou non la reprise . 

Quelques jours plus tard, quelques dizaines de milliers de francs dépensés, l’appartement avait un belle allure, il y régnait de bonnes ondes, des ondes positives et accueillantes, toutefois il n’ y avait ni livres, ni musique, ni fleurs. 

Puis, j’organisais mon pied à terre avec le budget qui m’était alloué, c’est à dire encore une fois : illimité...

Son appartement était tellement agréable á vivre que nous fûmes contraints de supporter quelques jours une de ses conquêtes ce qui troublait l’ordre et la tranquillité de nos habitudes. 

Plusieurs fois nous quittâmes l’appartement principal oubliant et séquestrant involontairement cette superbe jeune femme Sarde avec de sublimes yeux verts . 

Au bout du troisième oubli, elle se décida enfin de quitter le nid, ayant admis qu’elle était, certes une belle étoile, mai une étoile filante.

On l’inscrit comme les autres filles sur la liste d’attente, s’il y avait une disponibilité: on lui ferait signe. 

Quand on est un beau jeune, élégant et aisé jeune homme, les jolies filles sont attirées spontanément ou presque. 

Personnellement j’avais plus de respect envers ses conquêtes que lui . Il m’est arrivé d’en consoler "câlinement" quelques unes, mais il ne l’a jamais su. 

J’allais devenir un immense recruteur et détecteur de talents féminins ce qui me conférait une complicité totale avec mon boss qui répondait aux prénoms de Louis-Stanislas: Stanis pour les proches. Je mettais en place un piège à souris qui fonctionnera  le temps de ma présence auprès de lui.



16- Premier et dernier diner.


Quelques mois après ma prise de fonction, j’eu à organiser un premier diner de 12 couverts.  J’avais fait moi-même les courses, préparé et cuisiné l’ensemble du repas de l’entrée au dessert. 

Je me souviens encore des plats de ce premier dîner.

Le menu choisi, était mon menu d’examen de cuisine d’école hôtelière. 

Beignets de fleurs de courgettes en apéritif,

Filets de soles panés frits, sauce tartare. 

Rôti de veau aux petit oignons 

Pommes de terre sautées à cru, 

Endives braisés au jus de viande,

Salade aux noix & vieux fromages de brebis à pâtes cuites.

Tarte tatin aux pommes et aux coings, 

crème fouettée au caramel. 

Le dîner était escorté par un bourgogne, un mercurey clos du roy .


La soirée se poursuivra en discothèque pour se terminer à six heure du matin avec une soupe à l’oignon au restaurant  "le pied de cochon" dans le quartier des Halles.

J’ai vécu pour la première fois une journée de vingt quatre heures non stop. L’appartement n’avais pas supporté autant de monde.

Lors de ce premier dîner, il  ne nous avait pas permis d’être suffisamment vigilant, nous découvrîmes le lendemain à notre grande stupéfaction la disparition de précieux artefacts.


Dés ce jour, il fût décidé que s’il y aurait plus d’autres dîners.

Après le dîner un repli vers le bouddha bar ou Castel était suggéré aux invités. 

Il n’était plus question de se squatter l’appartement. 

Par choix personnel,  je n’ai jamais souhaité d’être associé à ces soirées ou matinées de la jet-set parisienne. 

J’étais un majordome, en aucun cas un ami, je gardais ma place, je veillais sur mon indépendance. 

Je ne pouvais pas laisser une table et une cuisine en désordre bien qu’une dame fut en charge de la vaisselle et du ménage tous les matins.  

Stanis ne consommant jamais les restes de repas,  j’emportais le restant de la nourriture à mon domicile. 

Le lendemain, il flottait des odeurs de cuisine dans son appartement, des résidus de fumets de sauce, dès cet instant il prit la décision de ne jamais plus organiser de repas au domicile.

Au pied de l’immeuble dans l’avenue, plusieurs cantines de luxes étaient ouvertes en permanence, dont le relais Plaza, le bar des théâtres, et Marius & Jeanette pour les poissons. 


17- Comment recruter la bonne à « tout tout » faire tout : 


Quelques jours après la publication d’annonces, nous reçûmes plus de deux cents candidatures. 

Ce fut long et fastidieux de les exploiter toutes puis, de recevoir tout ce petit monde.

Il y en avait de tous les pays, de tous les continents. Il était très difficile de traduire ces lettres de motivations dans autant de langues et charabia. 

J’avais bien précisé qu’il fallait absolument présenter pièce es d’identité, carte d’assurance sociale, permis de séjour et de travail, certificats etc etc...

Seulement 20 furent retenues et reçues. 

Je voulais absolument recruter une personne fiable, une personne intègre, une personne autonome, absolument sûre.

C’est complexe de choisir la bonne personne, d’être certain de son intégrité, de ses motivations.

Les personnes qui s’annonçaient être très motivées, très sérieuses, furent mises à l’écart d’office. Les personnes qui n’avaient pas de carte d’électeur également. Je recrutais une personne citoyenne et responsable. Je voulais recruter une personne authentique, impeccable, une vrai citoyenne responsable et autonome. 

Je mis en place un examen de passage avec une mise à l’épreuve dans l’appartement.

 Il fallait faire un lit dans les règles de l’art, savoir nettoyer une salle de bain, savoir utiliser l’aspirateur et ses différents accessoires, changer un sac, les filtres, tri sélectif, lavages et repassages et rangements. 

Mon choix se porta sur une dame nord africaine berbère originaire des hauts plateaux de l’atlas. C’était une jeune femme impeccable, mère de trois enfants elle dégageait une grande force et une belle douceur. Ne sachant ni lire ni écrire, elle avait été répudié par son mari. Elle voulait vivre une vie de femme libre. 

Vous savez monsieur, je ne sais ni lire ni écrire mais je sais élever mes enfant loin de toute pression communautaire, je veux en faire de bons français. 

Avec des mots aussi puissants et un regard aussi doux: j’ai craqué pour cette douceur berbère, tant pis pour la carte d’électeur.

Je me souciais de sa précarité en organisant rapidement un logement meublé. Je me souviens encore du sourire et de la reconnaissance de ses enfants qui purent en sécurité s’épanouir loin de leur père. 

Eden était dotée d’une mémoire prodigieuse, qui compensait largement son illettrisme.

C’était une très jolie femme racée et élégante, elle savait prendre soin du linge, elle repassait à merveille. Au bout de deux semaines elle avait tout intégré, procédures, habitudes, ponctualité et discrétion. 

Quelques mois après, je découvrais à ma grande satisfaction que ses enfants donnaient des cours d’alphabétisation à leur maman.



18-  Champagne sans caviar.


Quelques mois après mon entrée à son service, Stanislas m’appela sur le téléphone de son appartement m’invitant à le rejoindre pour quelques jours sur la côte Basque.

Je passais au bureau pour récupérer mon titre de transport auprès du secrétariat. Quelle ne fut ma surprise d’apprendre que mon voyage n’était pas au départ d’Orly, mais au départ de la zone d’affaire de l’aéroport du  Bourget. 

En entrant dans le hall de l’aérogare, je fus accueilli avec beaucoup d’élégance par la cheffe d’escale qui me conduisit vers un fabuleux turbo-propulseur tout neuf immatriculé HB. 

Une fois à bord,  je fus considéré comme un V.I.P., servi comme un prince. 

Mon nouveau boss avait eu la délicatesse de me faire servir un cristal Roederer rosé, de la viande séchée des Grisons, ainsi que des toasts melba.

Inutile de préciser que j’ai beaucoup apprécié mes conditions de voyage. 

Le groupe de mon boss venait d’acquérir cet avion qui servirait dorénavant aux déplacements des actionnaires et des cadres.  

Le jet pourrait être sous-loué à des clients et à des sociétés selon la demande, selon sa disponibilité. 

J’étais également responsable du catering, le planning de location étant concédé à un prestataire de la zone d’affaire. 

Quoi de plus merveilleux pour un majordome d’être accueilli par son boss au pied de la passerelle, il ne manquait que les journalistes. 

Ce déplacement avait tout même coûté presque 20 000 Francs Suisses, il fallait tester l’avion et son équipage, j’étais un testeur de luxe. 

Notre séjour dans le sud-ouest comportait deux volets, un d’affaires, l’autre de loisirs. Ses amis étaient eux aussi venus nous rejoindre avec leurs jets privés. 

Ils atterrirent presque en même temps que le mien. 

Évidemment je quittais le jet avec le sourire, je remerciais chaleureusement l’équipage pour les excellentes conditions de transport. 

Les amis de Stanis quittaient leur jet avec des regards suffisants et insuffisants, presque méprisants envers leur équipage 

Je n’ai pas entendu un seul mot de remerciement, c’était du style: je suis fortuné et je t’emmerde . 

Ils daignèrent toutefois me saluer car mon boss avait bien insisté sur mon rôle d’homme de confiance. 

J’observais ces hommes riches, célèbres,  puissants, tous fringués comme des clones.  

Attention qu’ils ne vous pas bouffent tout cru !  lui ai-je soufflé à l’oreille ! 

Hélas, ma réflexion s’avéra prémonitoire. 

Confortablement installés au merveilleux hôtel du palais, j’assistais sans broncher à toutes leurs réunions,  je participais passivement à la dissection des entreprises de leurs concurrents. 

Lors de ces discussions la survie des entreprises de leurs adversaires ne valait pas très cher. 

Il fallait déstabiliser par tous les moyens la cible pour acquérir à moindre frais son entreprise. J’étais malgré-moi un complice passif, j’avais quelquefois l’impression de valider ces coup de monopoly par mon silence. 

J’étais comme l’apprenti d’une loge maçonnique, privé de parole, astreint au silence. 

Les jours suivants on célébrait sur des cadavres encore tièdes 

leurs tristes victoires. J’étais tenu d’y assister avec le devoir de réserve qu’imposait ma fonction.

Pendant leurs délires de gosses de riches sur les vagues de l’océan, j’en profitais puisque je n’avais presque pas de logistique à assurer, pour m’évader, pour visiter mes amis Basques. 

Je n’étais ni bâti, ni formé pour apprivoiser les fabuleuses vagues de cette mer vert de gris. 

Souvent, je  préférais rester seul, sur la terrasse de ma chambre. J’adorais tout simplement être bercé par les bruits de ces murs d’eaux presque pendulaires qui s’échouaient sur les rochers. 

L’odeur et la douceur de la brise marine me rassurait. 

J’avais cependant auprès de moi cet horrible nouveau téléphone portable : le radiocom 2000. 

J’étais un majordome en disponibilité surveillée. 

De temps en temps le chasseur-groum me glissait sous la porte les derniers telex reçus et ....


Lors de la prochaine parution, vous découvrirez la suite de mes aventures rocambolesques auprès de Jean-Stanislas dit Stanis. 




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Prochainement une autre et une différente suite....



Nous arrivons presque à la fin des tribulations professionnelles de Jules, avec des mots simples, j’ai partagé avec vous quarante années de vie professionnelle. 

J’ai décrit ce que mes yeux ont vu, ce que mes oreilles ont entendu. 

Aujourd’hui je profite enfin d’une retraite bien méritée, cependant active. 

Je continue des missions ponctuelles au service de descendants de familles qui ont beaucoup de mal à se passer de ma bienveillance et auxquelles je suis encore attaché.

J’ai d’autres activités mais, je vous en parlerais plus après.

Ces derniers épisodes vont faire découvrir un Jules qui s’insurge, un Jules qui s’indigne, un Jules qui observe, un Jules qui découvre qu’un employeur aisé et sympathique peut être être un redoutable escroc.

En effet, il était trop beau pour être honnête. 

Dés le départ un détail ainsi que les conditions de mon engagement m’avaient déjà mis un petit peu "la puce à l’oreille".  

Pragmatique j’observais...

Comme vous l’avez noté, je ne suis pas un écrivain mais un témoin, un témoin privilégié, quelquefois embarrassé d’avoir été présent, ce qui sera le cas dans les prochains épisodes.

Dans l’ombre et dans le silence, j’ai assisté à des moments extraordinaires, des moments fabuleux, des moments d’immense bonheur, d’autres presque comiques. Il y a eu hélas, des moments dramatiques, dangereux, même pitoyables.

Les grands moments vécus ont souvent occultés les moments moins glorieux.

Il faut de tout pour faire un monde, il faut de tout pour construire un majordome, cependant un majordome s’exprime mieux professionnellement dans une bienveillante harmonie au service de personnes exceptionnelles et intègres. 

Dans le fabuleux film: « vestige du jour » le narrateur nous dit que les grandes maisons font les grands Majordomes. 

C’est auprés de ces personnes dans leurs grandes maison que j’ai acquis mes lettres de noblesse. 


J’ai partagé l’essentiel avec vous sans critiquer, sans trop juger.

Antoine de St Exupéry avait écrit : « le langage est source de malentendus » 

Pour éviter tout malentendu, j’ai choisi de parler, d’écrire, de m’exprimer quelques années après les faits. 

Ce recul m’a permis de revivre ce que j’ai vécu à la fois comme témoin direct et / où comme un témoin oculaire.  Nonobstant, tout est rigoureusement exact, tout s’est passé comme je l’ai décrit, avec quelquefois mes coups de gueule quand trop était trop, pourtant j’étais patient !

Cette tribulation est probablement ma dernière publication en situation professionnelle.

Grand merci à ma grande et fidèle amie la Princesse de X de Z

qui m’avait suggéré d’écrire et de publier les tribulations de Jules.

Connaissant mon empathie et mon dévouement elle m’avait dit:

arrête de travailler ! plus personne ne te mérite ! 

Écris tes mémoires, on les appellera  les tribulations de Jules. 

Alors, j’ai commencé à me remémorer, puis à écrire. 

Aujourd’hui, adorant l’art et les ventes aux enchères, je me suis reconverti en prestataire au service de commissaires priseurs, de notaires, et de généalogistes successoraux. 

Prochainement, je vous parlerais des différentes étapes qui ont permis ou déterminé ma construction personnelle. 

Je vous parlerais de ma famille, d’un couple de voisins qui a eu un rôle essentiel pour le bout-en-train que j’étais.

Je vous parlerais des personnes qui ont beaucoup compté pour moi, et de tous mes mentors qui ont eu une influence bénéfique. 

Je redeviendrais adolescent, je retournerais dans la peau et dans la tête du jeune majeur que je fus, je partagerais avec vous ma perception du monde, vu avec yeux de l’enfant que j’étais. 

Comment pourriez-vous mieux me connaître sans aborder mes valeurs familiales, mon éducation, mes maîtres, mes professeurs. 

Une famille "helvético-gauloise", quatre langues, des protestants, des juifs, des francs-maçons, des laïques,  toutes et tous des gens instruits, ouverts vers la différence, vers l’universalité. 

Les tribulations familiales de Jules: c’est tout bientôt sur mes lignes...


Lors de la prochaine parution, vous découvrirez la suite de mes aventures rocambolesques auprès de Jean-Stanislas dit Stanis. 




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FIN


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