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The mystery Butler | Majordome | Trop beau pour être honnête

Trop beau pour être honnête | Episode 1

1- La France vire à gauche.


Quelques mois après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République Française, j’étais de passage en France. J’étais à la recherche d’un nouveau challenge, d’une nouvelle opportunité palpitante n’importe où.


Je recherchais un poste ou ça bouge, un job surprenant, plein d’imprévus : J’allais être servi.

Les ministres créaient plein de nouvelles fêtes et de nouvelles occasions de faire la fête, la techno parade, la gay parade, la fête de la musique, l’ouverture des monuments historiques etc...bref, c’était l’euphorie !


Dès 1981, il régnait à Paris une ambiance, de renouveau, d’espoir, de renaissance, de nouveaux droits communautaires.

Les hommes de couleur devenaient des blacks, les nord-africains devenaient des beurs, les juifs des feujs, les homosexuels des gays, mais, les protestants restaient des parpaillots.

Cette communautarisation m’inquiétait, d’autant plus qu’auparavant, nous vivions toutes et tous en bonne harmonie et en paix à la lueur d’une laïcité protectrice. J’avais beaucoup de mal à admettre cette partition.


Passant rue Solférino devant le siège du parti, il y avait une très longue file d’attente pour adhérer au PS, tout le monde était subitement devenu socialiste.

Je suis repassé dernièrement rue de Solférino, il n’y avait plus de fille d’attente ni d’ailleurs de parti socialiste.

À cette époque la bourse était un peu hésitante, mais il y avait des travaux,  des immenses trous et, des grues partout. De sublimes et beaux projets sortaient de terre, en même temps, la dette de la France s’accentuait.


Un adage dit que lorsque le bâtiment va: tout va, alors tout allait bien en France. D’ailleurs plus personne ne se souciait ni se souvenait du coût exorbitant qu’avait coûté à la France la construction du château de Versailles sous Louis XIV.


En parcourant les ‘’pages saumon’’ du journal le Figaro, mon regard fut attiré par la rubrique petites annonces.

Il y avait pratiquement une demi page d’offres d’emplois dans la rubrique  "personnel de maison-service " & autres.

La "gauche caviar" commençait à recruter largement.

Je sélectionnais cinq annonces, cinq numéros de téléphone que j’appelais à partir de la cabine à carte du restaurant le train bleu à la gare de Lyon.


La plupart des lignes téléphoniques étaient sans cesse occupées. Au cinquième appel, la dame qui me reçu au téléphone semblait débordée par les nombreux appels qu’elle devait gérer.

Persuasif, j’obtenais une entrevue le jour même dans ses bureaux place Malesherbes aujourd’hui place du général Catroux.



2- Tête-à-tête avec la chasseuse de têtes.


Arrivé à l’adresse, aucune plaque ne figurait à l’entrée.

Le gardien de l’immeuble procéda par élimination, et, on finit par situer les bureaux du recruteur clandestin.

En fait il s’agissait d’un petit studio à usage mixte, servant à la fois d’habitation et de bureau de recrutement.


Une dame d’environ cinquante ans, tête ébouriffée me reçut m’invitant à m’assoir dans sa studette-bureau située sous les toits.

Son téléphone n’arrêtait pas de sonner ce qui la déstabilisait.

Je lui suggérais d’activer son répondeur le temps de notre entretien.

Après quelques hésitations, elle accepta de débrancher la machine.

Stressée par le bruit des sonneries et par le son de son annonce, elle faillit faire un burn-out, et commença à me questionner rapidement.

Alors vous avez de l’expérience ?

Avez-vous avez des références ?

Êtes-vous disponible rapidement ?

Parlez-vous des langues ?

Il s’agit d’un poste logé au service d’un homme d’affaire célibataire, vous disposerez d’un appartement, ainsi que d’un véhicule de fonction.


Vous l’accompagnerez lors de ses nombreux déplacements en France et á l’étranger etc etc..

Le descriptif du poste de majordome &  personnel-assistant à l’international me convenait.

Je confirmais aussitôt mon intérêt et ma disponibilité immédiate pour rencontrer le recruteur.

A l’époque il n’existait pas encore de téléphone portable, je lui proposais de revenir le lendemain à la même heure.

Le jour suivant, je débarquais un petit peu en avance avec des mini-viennoiseries et des serviettes papier.

C’est très gentil à vous, me dit-elle, je suis très touchée par votre gentillesse, j’avais le ventre vide, voulez-vous un café ?

Volontiers madame.

Pendant ce petit déjeuner improvisé mais calculé, elle organisa le rendez-vous avec mon éventuel futur boss dans le VIII ème arrondissement.

Disponible, celui-ci me fixa le RV le jour même vers 11.00.



3- Premier entretient.


Les bureaux du recruteur étaient situés dans le fameux triangle d’or proches de l'hôtel Prince de Galles, de l'hôtel Georges V, entre les Champs Élysées et la place de l’Alma.

L'immeuble de style haussmannien avait un balcon supporté par des caryatides, l’entrée était immense, le hall, les escaliers, tout était en marbre blanc illuminé par de splendides fenêtres à vitraux.

La porte cochère ajourée et richement sculptée donnait sur un double escalier orné par des figures et des  statues de tailles imposantes. Je découvrais pour la première fois une fresque, une représentation particulière, il s’agissait d’une anamorphose.

Je composais le code de l'interphone intérieur.


Une voix d’un ton martial m’indiquât : " escalier de droite quatrième étage.

Arrivé au bureau, je fus accueilli par un géant d’environ vingt-cinq ans, filiforme, mesurant presque deux mètres, tête taillée comme un bronze de Rembrandt Bugatti.

Le jeune secrétaire, jouant le cador en m’accueillant me dit que compte-tenu de mon âge, je n'avais aucune chance.

C’était une excellente mais très déstabilisante entrée en matière, j’ai failli me retirer.


Il me dirigea vers un salon ou étaient assis d’autres candidats presque tous vêtus de costumes trois pièces.

Lorsque je pénétrais dans le salon, ils se levèrent tous me prenant sans doute pour le recruteur.

Certains avaient un attaché-case, d’autres arboraient une gourmette en or, une chevalière, on aurait dit des représentants VRP dans une salle d’attente.


IIs me dévisagèrent avec des regards suffisants et insuffisants  presque confus, ce qui me fit un petit peu sourire.

Pour ma part,  j’étais vêtu à la française : pantalon gris, chemise blanche impeccablement repassée, un blaser droit bleu marine, une élégante cravate Hermès en soie.

Je portais des boutons de manchettes anciens assortis au bracelet de ma très ancienne montre Breguet.

Quelques minutes plus tard, la porte du salon s'ouvrit.

Un grand et élégant homme de trente-six ans entra dans la pièce. Il était vêtu presque comme moi .

Instinctivement je me suis levé, je l'ai regardé dans les yeux, m’adressant à lui, je lui ai dit : "good morning sir ".

Surpris, il me regarda m’invitant à le suivre.

C'est ainsi qu'en un regard, et un sourire, je venais de recruter celui qui allait devenir mon nouveau boss.



4- Un recrutement coup de foudre.


Le jeune cador filiforme qui se prénommait Robin, fut un peu surpris de me voir être reçu en premier. Son pronostic n’était pas avéré.

En entrant, sourire aux lèvres, je lui dis pour le taquiner un petit peu : "bonjour futur collègue".

Par la suite, nous devinrent complices et complémentaires au service de notre employeur commun.

Filiforme m'introduit dans le bureau du boss qui fit rédiger presque aussitôt, une lettre d'engagement conditionnée à un essai de trois mois avec un statut de cadre.

Mon engagement prenait effet immédiatement . Il avait apprécié mon parcours, ainsi que le rédactionnel de ma lettre de candidature.

Je ne savais pas en l’instant ce que terme de cadre signifiait.

C’était la première fois que j’étais recruté aussi rapidement, j’étais songeur.


Ce recrutement était comme la « catapultée » d’un avion sur le pont d’envol d’un porte-avions.

L’ébouriffée chasseuse de tête avait sans doute bien étoffé mon profil de playboy quarantenaire, les mini-viennoiseries avaient produit un effet presque immédiat.

Si je n’avais pas eu la délicatesse d’apporter des viennoiseries ?

Si je ne m’étais pas levé ?

Si je n’avais pas eu le réflexe en me levant de sourire, de dire un mot de politesse ?

Aurais-je décroché cet emploi ?

Ça commençait bien, mais au plus profond de moi-même je demeurais serein, cependant, j’avoue maintenant malgré ma sérénité je n’étais pas certain d’être à la hauteur de ses attentes et de ses ambitions.

D’ailleurs, au début je n’ai pas mesuré tout de suite, que ce n’était pas un job de majordome lambda , mais d’un véritable poste à responsabilités.

En peu de temps, j’allais beaucoup apprendre et développer d’autres domaines de compétences enrichissants pour moi, surtout pour ma progression professionnelle.

J’allais découvrir et servir un élégant escroc, je vous en parlerai plus loin.


Dès le début, nous échangeâmes des mots de courtoisie presque de diplomatie, avant qu’il me présente un cahier des charges si on peut dire, accompagné d’une feuille de route globale.

Presque instantanément nous nous sommes découverts une sorte de fascination, entre ce promoteur d’hôtel trentenaire et moi un quadra.

Il essaya de me séduire, quant à moi, j’essayais de ne pas me laisser séduire. Autant d’enthousiasme spontané ne laissait rien présager de bon .


Je me souvenais à cet instant d’un conseil de mon père :«méfie toi des personnes qui te flattent trop, trop rapidement ».

Je restais sur mes gardes ce qui me sauvera plus tard.

Il pria filiforme ( Robin ) de sortir, de nous laisser seuls, de bien refermer la porte derrière lui .



5- Premier entretien.


Nous fîmes connaissance en échangeant quelques confidences utiles et nécessaires pour créer, installer un climat de confiance entre nous.

Il me confirma qu’il s’agissait bien d’une création de poste, qu'il faudra que je m'adapte aux nombreuses circonstances au fur et à  mesure de sa progression sociale et... de ses caprices.


En fait, il n’avait pas, il me le confirmera plus tard, trop d’idées sur ma place et mon rôle précis à cet instant.

Désirait-il auprès de lui un majordome ? un assistant personnel ? un porteur de valises ? un fusible, un homme de confiance dévoué, docile et aux ordres ?

Il attendait tellement d’efficacité et d’omniprésence de ma part, serais-je à la hauteur de ses attentes ?

Serais-je suffisamment son complice ?

De nombreux et fréquents déplacements et séjours étaient à prévoir dans plusieurs pays, Suisse, Espagne, Egypte, Baléares, USA, pour des périodes pouvant excéder plusieurs mois, en sa compagnie ou seul.


On aborda évidemment ma rémunération, j’insistais afin que mon salaire soit un excellent salaire, exclusivement en francs Suisses, ce qui ne lui posait  aucun problème.

À cette époque le franc Suisse équivalait à quatre francs français.

Il accepta sans rechigner, prévenant aussitôt sa banque afin que l’on m’ouvre dans les meilleurs délais un compte étranger en francs suisses.  Je découvrirais plus tard au moment de prendre ma retraite que les cotisations salariales n’avaient jamais étés payées ni en France ni en Suisse.


Le lendemain, j’ouvrais mon nouveau compte, j’y déposais un gros chèque correspondant à deux mois de salaire tiré sur la même banque, lequel me fut presque aussitôt crédité de compte à compte.

Je découvris également que mon boss était largement ‘’tocqué’’:  il avait des troubles obsessionnels comportementaux, des manies, des habitudes, des fixations, dont il me faudrait tenir compte dorénavant.

Lorsqu’un majordome prend de nouvelles fonctions, il doit impérativement découvrir ses employeurs en même temps que la maison.


Un majordome doit pleinement s’approprier son poste, s’assurer de la bienveillance des membres de l’équipe, de l’entourage et, de la sphère familiale tout en s’en méfiant.

Quelquefois monsieur ne fonctionne pas comme madame, madame ne fonctionne pas comme monsieur, s’il y a des enfants, c’est beaucoup plus complexe surtout s’ils sont pré-adolescents et ou adolescents.

Dieu merci, il était célibataire, n’avait pas à cette époque d’attache affective.

Les prétendantes n’allaient pas tarder à se manifester.



6- Découverte de mon futur boss.


J’essayais d’analyser la situation rapidement, souhaitait-il que je devienne petit à petit son clone, son bras droit ?

sa bonne conscience ?

son complice ?

Quelques zones d’ombres subsistaient.

Tant d’argent tant de moyens, me laissait perplexe.

J’avais remarqué dès notre première rencontre qu’il était gaucher, extrêmement maniaque en matière d’hygiène.

Plus tard j’observerais sa manie de toujours essuyer couverts, assiettes, et verres avant chaque repas.

Après m’avoir engagé, il me donna mon premier ordre: "allez remercier les autres candidats, priez-les de quitter les lieux gentiment. "

Gentiment ?

J’ai fait un peu la grimace ce qui ne lui avait pas échappé.

Monsieur, si je peux me permettre, on ne peut pas renvoyer les autres candidats sans les recevoir, il faudrait leur dire un mot de courtoisie, un tout petit mot.


Je n’étais pas à l’aise pour annoncer aux candidats que le sénior du groupe venait d’être engagé les coiffants au poteau.

Il se leva, vint saluer chacun des postulants en précisant que j’avais été retenu sur CV et recruté sur dossier.

La décision avait été prise le matin de mon petit-déjeuner avec la chasseuse de tête.

Après avoir pris tous ensemble un café, je raccompagnais les candidats malheureux à la porte de l’immeuble avenue Georges V; ils me congratulèrent admettant le choix du boss.



7- Déjeuner au Ton Yen.


Mon nouvel employeur et moi même, poursuivîmes notre discussion qui dura jusqu'à la fin de notre déjeuner au "ton yen".

Il me disséquait ou me testait me poussant à me découvrir entièrement. Il jouait un jeu de la séduction ce qui, ne m’impressionnait pas du tout.

Il avait tellement de choses à me dire, à me déléguer qu’il faudrait pas mal de temps.


Il ne savait pas par où commencer, j’écoutais, je notais tout ce qu’il me disait, essayant de synthétiser.

Au moment d’écrire ces lignes, j’analyse à posteriori les qualités humaines de toutes les personnes avec lesquelles j’ai eu plaisir de collaborer, tous de sacrés cerveaux !


Quelquefois, j’imagine qu’ils sont tous en face de moi, je revois leurs physiques, leurs qualités, leurs caractères, leurs spécificités.  L’immense majorité furent des personnes de très grande moralité, possédant un sens du devoir et des affaires exceptionnel. Lorsque je percevais que leur intégrité était douteuse, que tout était loin d’être clair, je m’esquivais, je me retirais.


L’immense majorité de mes employeurs était presque tous de taille imposante, ils étaient des manipulateurs malins, hyperactifs, relativement sportifs aimant les prises de risque, et le chocolat.

Tout ces grands patrons disposaient des qualités de meneurs d’hommes hors normes, ayant la faculté d’avoir un projet par minute, avec toujours des visions à très très longs termes, il fallait les suivre.

Leurs cerveaux super étaient bien formatés, avec des disques durs bien remplis, dotés de capacités de récupération hors normes.

C’étaient de vrais meneurs d’hommes, de véritables et authentiques athlètes de la vie. J’ai beaucoup appris en contact.

Pour revenir sur notre déjeuner, le restaurant ton yen était un gastronomique chinois situé dans le triangle d’or, rue Jean Mermoz 8ème arrondissement.


C’était un lieu de rendez-vous du tout Paris qui appréciait la gastronomie extrême-orientale. Sur notre table ronde,  il y avait un plateau tournant garni de petits réchauds d’où émanaient d’agréables odeurs aigre-douce.


C’était la première fois que, j’accompagnais mon déjeuner d’une bière chinoise.

L’accord mets-boisson était tout nouveau pour moi, agréable en bouche mais très alcoolisé, la richesse des mets occultait presque le degré d’alcool.

J’inscrivais aussitôt sur mon répertoire le nom et l’adresse du restaurant. Dès cet instant je notais sur mon répertoire tous les lieux que nous fréquentions . C’était simple, il avait ses restaurants, ses habitudes,  ses adresses, il était connu et surtout reconnu comme un loup blanc.


C’était un véritable bonheur d’être accueilli comme nous l’étions, nous avions toujours l’impression d’être reçu chez de la famille, ou reçus par des amis qui nous connaissaient ou nous reconnaissaient à chaque fois.



8- La découverte de son jardin secret.


Lors de cette agape extrême-orientale,  je découvrais un peu mieux mon recruteur.

Il avait suivi de brillantes études au collège Alpin Beau Soleil à Villars-sur-Ollon dans le canton de Vaud, puis à Yale aux USA.

Il parlait plusieurs langues, avait voyagé et résidé dans de nombreux pays.


Il avait su tirer profit de ses amitiés adolescentes rencontrées au summer camp de Crans-Montana dans le Valais.

Ses influences pénétraient le domaine de la politique jusqu’aux chefs d’état et lobbyistes de grandes multinationales.

Il connaissait plus particulièrement quelques fils de dirigeants de dynasties de républiques bananière, des fils de présidents élus démocratiquement à vie.


À sa demande j’ai approché et rendu des services à certains de ses amis démocrates africains, j’étais grassement récompensé mais rien n’était jamais totalement simple.

Stanis avait un visage à la Georges Clooney, c’était un charmant charmeur avec des cheveux châtains clairs, teint mat, yeux verts en amande.


Il mesurait un mètre nonante pour huitante sept kg, avait une voix douce et ferme à la fois. Presque toujours vêtu de costumes gris, ou blazer bleu pantalon gris, il était toujours chaussé de chaussures italiennes à semelles de crêpe.


Presque aussitôt, j’ai découvert qu’il avait des habitudes de gosse de riche, il avait horreur de répéter ses directives et ses ordres. J’avais pour réflexe de toujours noter ses instructions, comme je l’écrivais plus haut les mots sont souvent sources de malentendus.

Il aimait particulièrement les femmes grandes, élégantes,  dépourvues de personnalité, pas trop intelligentes, surtout pas trop collantes mais avec une belle esthétique, avec de larges épaules, des épaules de championnes de natation.

Il ne goûtait pas trop les trop grosses poitrines, il n’aimait pas ces machins gélatineux me dira-il plus tard. Il était sensible à la douceur de la voix, au regard, au grain et à l’odeur de la peau, il détestait les rires et sourires niais, c’était rédhibitoire.


Il recherchait à cette époque des aventures exclusivement éphémères et, sans lendemain.

Il ne se déplaçait jamais sans sa trousse secrète, ce petit coffret à midinette mystérieux...



9- Un boss hyperactif.


Dormant peu, il était capable d’entreprendre et ou de gérer plusieurs dossiers à la fois, laissant très peu de choses lui échapper.

Je pense que l’immense quantité de chocolat qu’il consommait  devait stimuler sa mémoire.

Il adorait pratiquer avec ses proches, les sports extrêmes, la voile, le ski, le surf, la chute libre, le saut à l’élastique, il aimait le risque, il aimait jouer avec le feu.

Il était infatigable, très souvent ingérable.

Ses copains et lui, pratiquaient un sport tout à fait particulier: le lancé de chaussures.


Afin que vous compreniez bien ce jeu stupide, je vais vous raconter la dernière partie à laquelle j’ai assisté dans la vielle ville de Genève.

Nous étions six personnes, six grands adolescents sur la place du Bourg-de-four, proche de la cathédrale St Pierre. Nous  nous dirigions vers les  Bastions. Nous avons croisé un adolescent d’environ dix-sept-ans avec des chaussures de sport flashies.

Le jeu consistait à dire au jeune: tu as des belles chaussures, tu les as payé cher ?

150 francs répondît le jeune homme !

je te les rachète 500 !

Non ?  dit le je jeune, je ne vais pas partir pieds nus !

je te les paye 1000 et t’offre le taxis !

Mon boss lui tendit un billet de 1000 Fs qu’il accepta en entrant dans le taxi. En s’éloignant, je vis le jeune homme dubitatif nous observant, se demandant sans doute ce qu’il adviendrait de ses chaussures.

Les chaussures furent liées entr’elles par les lacets, le jeu devenait un pari. Le pari de lancer la paire de chaussures à 1000 francs Suisses au dessus d’un fil électrique ou de téléphone tendu entre les deux côtés de la rue.


Celui qui arrivait le premier à suspendre les godasses d’un premier jet recevait 5000 Fr de la part de chaque participant, à la deuxième tentative 4 000, à la troisième 3 000 etc...

C’était surprenant de voir ces grands gosses jouer du fric pour une connerie.


La première fois je trouvais cela drôle puis, stupide. Une seule fois j’ai essayé en prenant les deux chaussures dans une seule main, finalement, c’était le bon moyen pour y arriver.

J’ai gagné pas mal d’argent dès les premières fois, les fois suivantes j’étais dispensé de jouer. J’avais le cul bordé de nouilles disait mon boss, en réalité, peu alcoolisé,  je visais juste.

Un jour ils essayèrent le même jeu dans la rue du grand pont à Sion, ils finirent leur soirée dans les locaux de la gendarmerie Vaisane, avec une belle amande et l’obligation de décrocher leur guirlande.

Je ne suis pas resté trop longtemps à son service pour les raisons que j’aborderai plus loin.


Il aimait particulièrement franchir les interdits surtout au volant de grosses berlines allemandes ou italiennes, les  véhicules étaient tous immatriculés dans différents pays européens et en Suisse.

Les sociétés propriétaires résidant dans des paradis fiscaux,  les pv ne nous parvenaient jamais à l’exception des pv Suisses.

Il fumait des gitanes brunes qu’il ne brûlait qu’à moitié, jamais en public.


Après avoir tiré sa dose, il éteignait sa cigarette, vidait son cendrier, puis se retirait dans son cabinet personnel, pour se  laver les mains, se brosser les dents avec une pâte d’argile mêlée à du bicarbonate. C’était un cérémonial immuable qui durait chaque fois une vingtaine de minutes.


Stanis était addict aux chocolats fourrés, nous les recevions hebdomadairement d’une chocolaterie de renom située dans le département de la Lozère dans le sud de France.

Un abonnement annuel nous reliait avec cette excellente maison qui nous livrait tous les lundis 4  kg du même assortiment. Lors de longs déplacements, j’emportais une valise remplie de boites de chocolats y compris en Suisse.


Sa phobie des virus nous poursuivait jusqu’en voiture, nous disposions toujours de petites serviettes désinfectantes pour essuyer, volants, sièges et poignées de portes, et tout objets vecteurs de microbes.

Si nous avions à transporter des invités, des hommes d’affaire, banquiers etc, j’étais toujours ganté. Nous avions mis en place ce cérémonial avec ouverture et fermeture des portes pour séduire nos invités.


Dans l’habitacle,  journaux, magazines, bouteilles et chocolats étaient toujours à disposition des passagers.

Au bout de quelques temps me reprochant de conduire comme un africain, il préféra tenir lui-même le volant. À cette époque le téléphone au volant n’étais pas interdit. C’était de gros téléphones de la marque radiocom 2000 que nous embarquions en permanence.

J’étais à ses côtés notant tout ce dont il me dictait. Je mesurais déjà la dangerosité de l’utilisation du téléphone en conduisant.

Dès qu’il était aux commandes, je serrais fort ma ceinture me calant bien au fond de mon siège.

Les  véhicules devait être toujours impeccable intérieur et extérieur, le plein toujours fait. J’avais des prestataires référencés auxquels, je confiais tous les vendredis, nos voitures pour un pressing-vehicules intégral y compris le nettoyage du bloc-moteur.

Suis très heureux de vous retrouver pour cette rentrée particulièrement particulière.



Je vous retrouve tout bientôt pour continuer et clore mes tribulations professionnelles. Dans quelque semaines, je publierais mes tribulations personnelles. Je partagerais mon parcours entre ma sortie du berceau et mon entrée dans la vie active, je partagerais comment je suis devenu un majordome ?


Alors suivez-moi et je vous expliquerais, je vous dirais presque tout ...

À bientôt sur mes lignes

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