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Episode 4

Madame avait choisi un menu d’exception, précédé de deux mises-en-bouche : ...

Episode 4

19-Madame avait choisi un menu d’exception, précédé de deux mises-en-bouche : une petite pissaladière niçoise, des beignets de fleurs de courgettes …

L’entrée était un turbot farci à la "François 1er" garni de fleurons en feuilletés et champignons de Paris tournés.

En plat principal : un filet de bœuf Wellington chemisé dans une sorte de pâte briochée accompagnée d’une sauce périgourdine et de pommes de terre sarladaises sautées à cru.

C’était loin d’être un déjeuner léger.

Pour ce repas, nous avions sorti la voiture à trancher, installé les guéridons de service pour un service dit: à la Russe.

Nous avions servi les mets en deux services prenant soin de changer chaque fois les couverts et une nouvelle assiette bien chaude.

Notre sommelier avait pris soin de faire tester tous les vins à madame qui évidemment avait sélectionné les meilleurs crus de Bourgogne .

Tout le monde est au petit soin, madame désire un service vigilant ; pas de tâches sur les nappes ! tout le personnel est en gants blancs.

Une goutte de vin qui glisse hors du calice assure à un sommelier étourdi, une disgrâce presque instantanée.

Le personnel était habitué au caractère de madame, elle avait du pouvoir: d’un geste, on pouvait perdre son emploi ou en trouver un.


20-Le déjeuner débute, madame ouvre les débats, donne le ton, les invités, des aristocrates du pouvoir, s’expriment haut et fort.

Le filet de bœuf en croûte est servi, madame semble avoir avalé quelque chose de travers.

Un morceau de pâte s’est fourvoyé dans sa gorge.

On lui offre rapidement à boire avec une paille, mais les grognements ne cessent pas.

Soudain elle repose le verre-ballon violemment, casse la tige, penche la tête, et se met à râler.

Le râle ressemblait à celui d’un ronflement.

Un liquide coulait par-dessous madame et rejoignait ses pieds.

Jules lance une serviette sur la tâche et comprends qu’elle est décédée ; le liquide en dessous de sa chaise est en réalité ses fluides.


Jules est le seul à comprendre la gravité de la situation et du drame qui se déroule sous ses yeux.

Pour détendre l’atmosphère, Jules déclare à l’audience:

« Elle s’est endormie, mesdames, & messieurs ! poursuivez votre repas, nous la ramenons à son appartement se reposer…

Les desserts et les boisons chaudes seront servies dans le salon empire.

J’invite tout le monde à se lever de table et me rejoindre dans le petit salon près du bar.

La table des invités est vide, mais des clients sont encore présents dans le restaurant.

21-Madame s’est officiellement « endormie »

Jadel, le directeur du restaurant et Hulot, le maître d’hôtel sont alertés.

Ils sont confus, dépassés ; c’est la première fois qu’ils rencontrent une telle situation.

Jules suggère ce qui suit : on ne fera pas intervenir les pompiers dans le restaurant car cela risquerait d’apeurer les autres clients.

Ces messieurs feignent de ramener madame dans sa chambre, sans la réveiller.

Si le fauteuil est soulevée par les bras, ils se désassocieront du reste.

Un chariot à verre à roulettes est réquisitionné.

Quatre serviettes servent de lanières, placés sous l’angle des quatre pieds du siège.

En un léger soubresaut, madame prend place sur son carrosse de sortie.

Hulot et Jules montent en chambre, par le monte-charge pendant qu’un commis suit le cortège avec une serpillère.

Entre temps, Jadel avait contacté les pompiers et le samu.

Ils arrivent en chambre, le personnel sort pour laisser les secouristes travailler.

Volontairement, Jules reste imprécis sur l’heure du décès…entre deux bouchées …


Il n’est pas nécessaire d’éclaircir l’embarras de la situation.

La police judiciaire obtiendra bientôt les témoignages nécessaires pour confirmer l’accident alimentaire ….et officialiser sa mort devant 6 témoins elle venait de célébrer ses 97 ans.

Malgré leurs efforts acharnés les merveilleux pompiers de Paris ne réussiront pas à la ramener à la vie.

Le concierge a prévenu l’entourage immédiat, dont la gouvernante chauffeuse aux gants de cuir.

Ils se présenteront bientôt à l’hôtel, en pleurs avec des mines de fouines cupides.

On me donna les instructions d’interdire formellement l’accès à la chambre.

Les proches demandent l’accès à la chambre de madame et à ses valises le notaire local prévenu a donné officiellement l’ordre de bien fermer sa chambre, ses valises, le coffre-fort de toute intrusion jusqu’à l’arrivée

dudit notaire qui fit sceller la porte le temps de la prisée.


Sa dépouille sera évacuée la nuit suivant son décès vers 03.00 du matin.

En quelques jours, je reçu et accueilli au téléphone toutes les personnalités de la République et diplomatiques de Paris.

Mon brave me dit le premier

ministre : a-t-elle souffert ? non monsieur le premier ministre elle partie en silence et rassasiée…(^)

Le directeur général absent ce jour–là mais prévenu, m’avait ordonné de dormir à l’hôtel.


23-Finalement il revint tard le soir même.

Je dînais en compagnie de mon boss dans son appartement privé achevant les plats et vins du déjeuner funeste qui ne sera jamais payé.

Quelques années plus tard, les objets de cette grande Dame seront mis en vente à l’hôtel Drouot en plusieurs vacations.

La vente sera cataloguée.

Informé, je serais à Drouot ce jour-là prévenu par le notaire.

Connaissant parfaitement l’histoire des objets, le jeune commissaire priseur découvrira grâce à Jules l’historique et l’histoire des pièces vendues et son ancienne propriétaire.

Les objets que j’avais récupérés ne figurant pas dans l’inventaire, le commissaire priseur ne voulut pas entendre mon récit donc, je gardais le silence …





Antoine Romain Moatty et Jules





Notes

24-Après son décès, sa fortune était si importante, que son mobilier, bijoux, voitures, et autres possessions occuperont deux salles de ventes de l’hôtel Drouot pendant près d’une semaine.

Madame possédait beaucoup de biens…et un secret …

Quelques mois précédents la vente, un excellent génèalogiste successoral m’avait interrogé pour savoir si lors de mes échanges avec madame AA je connaissais l’existence d’un fils…

Lors des funérailles au cimetière Montparnasse., j’étais avec mon DG et deux actionnaires pour son dernier voyage .

Nous avions noté la présence discrète d’un homme oriental grand élégant et racé ??

Nous étions seuls, la famille s’était paraît-il trompé de cimetière ?

Lorsque je suis de passage à Paris, je vais m’incliner sur sa tombe.


En quarante années je n’ai jamais rencontré personne qui l’ait connue sauf une fois ?

Je possède l’écrin et ses insignes de grand officier de la légion d’honneur ainsi que son brevet à titre étranger dans ma collection acquis lors de la vente aux enchères.

Madame est restée omniprésente en ma mémoire comme une personne de parole et de conviction, une femme de caractère disait mon boss en finissant "son déjeuner" … lors de notre souper.


Pour l’anecdote, celle qui faisait et défaisait les gouvernements français n’avait jamais obtenue la nationalité française. …

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