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Episode 2

Vous voyez Jules, je n’ai plus de soucis de logistique ni de facture : « Je téléphone et on vient me servir 24 heures sur 24 » 12 mois/12...

Episode 2

11-Vous voyez Jules, je n’ai plus de soucis de logistique ni de facture : « Je téléphone et on vient me servir 24 heures sur 24 » 12 mois/12.

Elle avait engagé une gouvernante-chauffeuse qui fumait des cigarillos Davidoff.

Très sympathique et jolie, toujours élégamment gantée, elle portait en permanence un jogdhpur.

Elle était au volant d’une Fiat 5OO noire immatriculée au Lichtenstein.(FL)

Cette petite italienne était surmontée d’un porte-bagage

Je ne l’ai jamais vu emporter une planche pour aller surfer aux large des plages du cap Breton ou de Biaritz ni chausser des ski pour aller à Zermatt ou à Gstaad ou transporter un tapis roulé.

Je n’ai jamais réussi à percer le mystère sur l’utilité de cet accessoire .

Madame entrait facilement dans cette petite boîte à conserve sur roues mais pour s’en extraire, c’était une autre histoire.



Elle avait fait installer dans son véhicule un téléphone de voiture dont tout l’appareillage occupait une grande partie du coffre avant.

Quelques minutes avant son arrivée à l’hôtel elle nous prévenait : « je me trouve place de l’étoile, j’arrive dans 5 minutes »

Sa charismatique conductrice n’étant pas très expérimenté on dégageait toutes les voitures devant l’hôtel pour l’accueillir dignement et ainsi éviter tout incident.

Bonsoir madame peut-on vous aider ? avec plaisir mon petit répliquait t-elle, c’était drôle ! sa chauffeuse la poussait pendant qu’on essayait à plusieurs de l’extraire de son siège .

Il fallait bien deux personnes pour la soutenir et l’accompagner jusqu’à sa suite.

Plus tard, les femmes de chambre prenaient le relais: déshabillage, démaquillage suivi d’un bain d’huiles essentielles…un potage et dodo.



12-A cette époque dans tous les palaces, en début de soirée, un membre de la direction devait impérativement être présent entre la conciergierie et la réception face à l’entrée principale.

Notre rôle était d’accueillir les arrivants, de saluer les résidents et lles clients du bar, les VIP, ainsi que les habitués.

Quelques fois, lorsque mon DG était à l’entrée de l’hôtel, elle s’asseyait avec nous, elle prenait place sur les grands canapés chertersfied du hall principal, le regard tourné vers le grand escalier et la porte à tambour.

Nous prenions soin de placer aussitôt sous son popotin une sorte d’alaise car madame n’était pas hélas totalement étanche.

Nous nous devions d’être particulièrement bienveillants et vigilants envers cette dame qui était devenue la figure emblématique de notre hôtel: Notre mascotte.

Maquillée comme une artiste japonaise elle ne passait jamais inaperçue dans l’hôtel.

Son maquillage étant très épais, lorsque elle m’apparaissait non fardée, j’avais beaucoup de mal à la reconnaître sans le crépi extérieur…

Mon directeur général et moi-même étions souvent invités à prendre place auprès d’elle pour paraître, pour boire une bloody mary ou un gin fizz, et pour tenter de refaire le monde.


13-Madame avait des problèmes de digestion et s’exprimait bruyamment laissant planer des effluves mal odorantes, on devinait presque son menu du déjeuner …

Assis face à l’entrée, nous assistions aux allées et venues dans le hall de l’hôtel.

C’était l’époque où les femmes commençaient à ne plus s’habiller pour sortir dîner.

Elles portaient un jean’s moulant, des chaussures à talons hauts laissant entrevoir et deviner leurs longues et magnifiques jambes.

Elles étaient vêtues de pardessus de fourrures ou de vestes extravagantes de grands et talentueux couturiers.

Personnellement, j’adorais les voir évoluer avec grâce et beauté.

Quelle féminité quelle élégance me disait mon directeur général, pourtant pas très porté sur la gente féminine.

Regardez, regardez, Jules regardez ! elle ne savent pas marcher, papotait madame AA, comble du mauvais goût, elles regardaient si elles captaient bien le regard des hommes en descendant les marches.

Du style : l’ai-je bien descendu ?

Plusieurs fois, nous avons assisté à un talon qui se cassait ou une chute.

Madame jubilait et s’esclaffait : la pauvre pintade s’est cassé la gueule !

Pendant sa jubilation mon DG et moi portions secours à la pauvre malheureuse qui retournait à sa suite chaussures à ses mains.


14-Quelques semaines précédant son arrivée en résidence à l’hôtel, elle avait déménagé et consigné toutes ses affaires dans un garde-meuble à air conditionné et hautement sécurisé.

Il y avait une centaine d’immenses et lourdes malles toutes capitonnées et numérotées dont les contenus étaient inventoriés, ainsi qu’un ensemble de splendides meubles estampillés.

Très peu de personnes possédaient cette liste confidentielle, ni ne connaissaient ni l’inventaire ni le lieu de gardiennage.

C’était toujours une aventure très particulière sous haute sécurité pour rechercher ce dont elle désirait parmi ses malles mystérieuses.

Elle disposait d’une mémoire d’éléphant sachant toujours quoi et ou chercher, mais il fallait manipuler les malles puis les "dé cadenasser"….

On prenait soin de toujours faire signer et de faire contresigner la fiche d’inventaire: la prudence étant mère de sûreté.


Ce genre de mission n’entrant pas dans nos attributions d’hôteliers, on rendait service à une cliente exceptionnelle mais, précautionneusement.

Lorsqu’elle décidait d’un aller-retour dans son garde-meuble nous nous battions afin de ne pas nous y transporter.

Comme écrit plus avant, elle s’était installée dans notre maison à l’année, jouissant d’une bienveillante attention de la part de l’ensemble du personnel et des privilèges dûs à son rang de "first lady" du palace.

C’est ainsi que nous fermions le spa au public lorsque madame désirait s’y rendre de peur que l’on découvre sa silhouette bibendum à la "peau d’orange" ou que l’on aperçoive des fuites solides ou liquides qui flottaient ici et là à sa … suite.

Le garçon de bassin retirait quelquefois avec son épuisette des objets flottants identifiés derrière notre nageuse nonagénaire … beurk beurk beurk…

Evidemment après son bain, on vidangeait aussitôt la piscine pour raisons de "maintenance"…

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