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Episode 1

Nous sommes assis à une table du restaurant Thaïlandais "Chang"* rue des Pyramides à Paris, à deux pas de l’Opéra Garnier, proche du lieu où les employeurs actuels de Jules résident.(* restaurant définitivement fermé pour cause de pandémie ) ...

Episode 1

5-Nous sommes assis à une table du restaurant Thaïlandais "Chang"* rue des Pyramides à Paris, à deux pas de l’Opéra Garnier, proche du lieu où les employeurs actuels de Jules résident.(* restaurant définitivement fermé pour cause de pandémie )

Jules travaillait le matin dans un luxueux appartement et l’après-midi pour son entreprise de débarras.


Jules me parle, me raconte le début de sa vie professionnelle, et des anecdotes qui l’on marqué .

Il partage, il analyse, il évoque ses premiers pas dans l’hôtellerie de Luxe,

particulièrement l’histoire de madame double A: une charismatique résidente à l’année d’un palace parisien.


Cet épisode se passe dans les années 80, ça dépend des moments et de la mémoire de Jules, il y a presque quarante ans.

À cette époque, Jules est directeur des banquets et des séminaires dans un palace et, manager on-duty** le week-end. (**directeur de garde, et de permanence.


6-Ce samedi-là , madame double A, une résidente aisée à réservé une table de six couverts déjeuner dans la salle du restaurant de l’hôtel.

La fortune de madame, ses revenus, lui permettaient d’occuper, à l’année une superbe suite dans ce palace et d’y organiser deux fois par mois des agapes.

Veuve, sans enfant, sans héritiers, (?) à l’exception de quelques arrières petits neveux du côté de feu son mari, elle était seule ou pratiquement seule.





Elle attendait la mort dans de bonnes conditions si je peux m’exprimer ainsi.

Elle adorait organiser et recevoir ponctuellement entre dix à quinze personnes (le tout-Paris de la politique, la "influentia locale", tous les deuxièmes et quatrièmes samedis de chaque mois au restaurant de l’hôtel où dans un salon privé.

Comme par hasard, c’était souvent le samedi ou j’étais de permanence .


Comme écrit plus haut, elle n’avait aucun héritier (?) désigné ni connu par votre serviteur de son côté familial direct.

Ses proches n’étaient pas moins nombreux, pseudos neveux, cousins, pseudos oncles et tantes, chauffeuses, dames de compagnie, :« quelques tiques et pustules me disait-elle…»


Cette grande dame possédait un charisme exceptionnel, un charme d’autrefois doublé d’une très forte personnalité: je l’adorais.

J’aimais, je respectais, j’appréciais tous mes clients respectueusement mais, madame double AA était une personne particulièrement particulière.

Comme aurait dit ma maman : « à surveiller comme le lait sur le feu »


7-Lorsqu’elle invitait quelqu’un, cela prenait l’apparence d’une obligation:

Je vous prie à déjeuner ou à bruncher ou à souper…écrivait-elle.

C’était ma secrétaire qui lui rédigeait ses invitations à ses moments perdu lors de son heure de déjeuner.

Lors de ces agapes, elle pouvait faire ou défaire un gouvernement, en tout cas intervenir sur sa composition et influencer sur les hautes sphères de l’État.

C’est un exploit ! insiste Jules, quand on reçoit le Président du Sénat et de la chambre des députés deux fois par mois ! ( à cette époque Monsieur Alain Poher était au perchoir du Sénat et monsieur Louis Mermaz sur celui de l’assemblée nationale.)

Je me souviens très très clairement de ces messieurs qui arrivaient toujours sans gardes-du-corps, sans tra-la-la ou tralala.

Ils étaient d’une adorable accessibilité.

Ces messieurs aimaient échanger avec tout le monde.

Cette simplicité, cette écoute, cette disponibilité n’existe plus et, a disparue de nos jours.

La suffisance, et l’insuffisance ont remplacé la bienveillance.

Les privilèges n’ont pas été totalement supprimés dans la nuit du 4 aôut 1789 , ils ont simplement changés de camps.



8-Je me permets une petite parenthèse personnelle concernant monsieur Jacques Chirac.

Monsieur Chirac était toujours à l’écoute, il était simple et ouvert, il avait le don de faire croire qu’il vous reconnaissait ou qu’il se souvenait de toutes et de tous.

Nous tombions toutes et tous inexorablement sous son charme…


Quant à madame double A , elle n’avait jamais sa langue dans sa poche, extrêmement aimable et courtoise, elle était perpétuellement de bonne humeur cependant, elle adorait critiquer et montrer quelquefois sa langue de vipère.

Elle appréciait beaucoup M. J.Chirac auquel elle prédisait un bel avenir.

Hélas, elle ne le verra pas accéder à la magistrature suprême.


Un soir, elle rassembla , elle invita pour un dîner tardif, ( un souper) des membres du gouvernement dont monsieur Chirac qui était à cette époque : ministre de l’agriculture.

Le menu composé était d’un bol de potage gras, suivi d’un pot-au-feu à la jambe de bois, ( jarret de veau avec un très long os à moelle, poule farcie, plat de côte etc… ( cf./ à regarder sur internet)

Madame double A avait imaginé ce menu pour inciter ou partager (avec bonne humeur ) toutes les convives à aspirer la moelle contenue dans les longs os avec leur bouche à l’aide de leurs deux mains et bouffer du poulet à pleines dents…

Dans ma vie jeune professionnelle, c’était la première et seule fois que je voyais des ministres jouer le jeu imaginé par notre espiègle de service, la manipulatrice et machiavélique : madame double AA.

Apercevoir tous ces ministres en costume cravate, grande bavette autour du cou, sucer et aspirer la moelle des os était très amusant, on se serait cru à un concert de clarinettes..

Heureusement qu’à cette époque les GSM avec appareil photo intégré n’existaient pas …

Pour amuser la galerie, monsieurJ Chirac utilisait l’os à moelle comme une pipe à opium pour fumer ses cigarettes ce qui faisait éclater de rire madame double AA.

Pendant le repas nous changions plusieurs fois les bavettes, ainsi que les rince-doigt.

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