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The mystery Butler | Majordome | Le chalet de Mamie

" Le chalet de Mamie "

Episode 1

1- Petit partage de Jules avec mes lecteurs et mes suiveurs.
 
Maintenant que nous nous connaissons un peu mieux,  je peux  l’avouer,  j’ai très certainement choisi un des plus intéressant mais aussi et surtout, un des plus mystérieux et surprenant métier au monde. 
En entrant dans ma profession, j’étais loin d’imaginer que j’allais rencontrer des célébrités, croiser souvent des personnes qui participaient à la gouvernance du monde.  
J’ignorais que j’allais connaître des personnes originales, authentiques, hautes en couleur, souvent des personnes "very" spéciales. 
Ce genre de situations ne peuvent pas s’enseigner dans les écoles hôtelière, ni en formations. Elles résultent d’une expérience personnelle de vie. Elles résultent de notre façon et force pour faire face à toutes les circonstances ou presque toutes.
L’expérience nous enseigne comment s’y adapter avec bienveillance.
 
Dans mon école hôtelière, chaque module était suivi d’un stage d’application nous permettant de mettre aussitôt en application et en pratique le contenu de celui-ci. 
Je suis donc arrivé sur le marché de l’emploi déjà formé mais, presque inexpérimenté en relations humaines en général.
Cependant, je n’aurais jamais pu être ce que je suis devenu, s’il 
n’y avait pas eu ma famille, mon éducation, mes passions, ma curiosité, ma culture, mes lectures, mes expériences.
Souvenez-vous, ce qu’avait dit Étienne dans un chapitre de  "mon monsieur" «un cerveau vide est la boutique du diable».  
Un majordome vit en permanence dans un environnement de luxe, d’art, de belles choses, d’objets précieux, de beaux meubles, de verrerie, d’argenterie, de faïences, de linges de grande facture et, de secrets.
Tout est art dans notre métier, ne laissez pas le diable occuper votre boutique intime, instruisez-vous, cultivez-vous en permanence quelle que soit la voie que vous avez décidé de poursuivre. 
Que ce soit en hotellerie traditionnelle, ou en hotellerie que je nommais : l’hotellerie domiciliaire ou toute autre profession que vous avez choisie.
 
Tout au long de ma vie, j’ai eu la chance de travailler ou, d’être au service de personnes ayant une force de caractère peu commune.
J’étais en admiration face à ces battantes et battants de la vie.  J’apprenais beaucoup, je m’instruisais auprès des mes employeurs solidement enracinés dans leurs expériences et, dans leurs traditions de vie.
Bien que rien ne pousse à l’ombre des grands chênes, à l’exception des truffes, je m’épanouissais, je grandissais. 
Leur charisme me tirait vers le haut. 
Employé auprès de personnes fortunées  et ou à la tête de grandes entreprises, j’avais l’obligation de ne pas les décevoir,
de comprendre à demi-mot ce dont ils attendaient de mes compétences. 
Je m’y employais m’adaptant à des circonstances quelquefois bien particulières.
 
 
2- Une veuve presque joyeuse.
 
C’est ainsi que l’on me demanda de vivre quelques semaines, auprès de la mère de l’ami de mon employeur, dame que je connaissais déjà, et , que j’appréciais beaucoup.
Cette dame profitait et considérait la vie comme un éclat de rire. Lors de ce séjour dans sa maison,  je fus confronté à une situation toute nouvelle pour moi .
Veuve d’un aviateur, madame sa mère, avait pris la fâcheuse habitude de se ‘’coincer’’ de temps à autre dans sa baignoire .
A son âge, il lui était impossible de s’extraire seule de cette prison de fonte émaillée. 
Très enveloppée, sa masse libidineuse épousait la baignoire comme une immense ventouse. Il ‘’m’était’’ délicat d’atteindre le bouchon de la bonde pour vidanger l’eau et pour cause..
Nonante-cinq kilos de chairs flasques étaient ‘’complexes’’ à désolidariser du volume et de l’espace sans approcher son intimité la plus intime.
La première fois je m’étais trouvé désarmé , impuissant, je ne pouvais appeler ni secouristes ni samaritains, ni services d’urgence.
Si je faisais appel aux secours, elle  risquait une signalisation aux services sociaux, de plus, elle risquait le placement dans une structure médicalisée pour abandon..
 
3-  Seul & désarmé .
 
J’étais seul & démuni, devant l’obstacle humain. 
J’ai tenté diverses méthodes dont un drap de bain, autour de son corps. Je devais me résigner : je n’étais pas assez athlétique .
J’ai essayé avec un tabouret, puis un petit escabeau qui s’effondrèrent sous mon poids.
Alors, j’ai placé au pied de la baignoire, trois gros annuaires du téléphone pour être plus grand, plus stable et pouvoir ainsi faire levier, mais hélas, je n’y arrivais pas davantage. 
Alors, je décidais de démonter le flexible de la douche, je l’utilisais comme un tuyau pour vidanger l’eau qui aboutissait dans une bassine au pied du bain. Je la vidais au fur et à mesure dans les toilettes.
Sept bassines plus tard, je réussi à extraire la générale qui tomba dans mes bras en s’esclaffant : « qu’est-ce que tu es bandant » .  
J’éclatais de rire avec elle. Elle avait absolument raison, la vie est bien un éclat de rire, encore faut-il naître dans le bon pays, de disposer de bonnes conditions et d’un bon confort de vie .
 
J’ai pris conscience à cet instant qu’à tout âge, nous pouvions avoir des lacunes affectives, nous recherchions toutes & tous une petite marque d’affection, de tendresse, d’amour, un petit mot, une marque d’attention,  si petite soit-elle, quel que soit notre âge .
 
4- Sacrée Marie-Eugénie 
 
J’avais rapporté l’incident à son fils qui m’avait dit :« quelle horreur ! c’est l’horreur ! tu aurais pu mourir étouffé »
Trois jours plus tard, un artisan vint équiper la baignoire d’un revêtement antidérapant et d’un dispositif médical, pratique pour l’usager comme pour l’aidant.
 
La carence affective de cette dame m’avait largement ouvert les yeux. Désormais, mon regard serait plus attentif, plus compatissant, surtout plus humain envers les aînés.
Dès et grâce à cet instant, j’ai humainement grandi de plusieurs centimètres d’amour, sans devenir pour autant un gentil "gérontophile".
Cet épisode, vous vous en doutez, à changé ma relation avec Marie-Eugénie et avec toutes et tous nos aînés. 
Néanmoins nous étions convenus qu’il fallait une ”aide à la toilette”. 
Une fois recrutée, elle vint tous les jours l’assister longuement. À son grand désespoir, elle perdait son ‘’contact humain’’.
 
Marie-Eugénie était surnommée "nœunœuf", vous découvrirez plus loin l’origine de cette sympathique appellation. 
À son domicile, j’aurais pu m’asseoir, feuilleter un bouquin, Marie-Eugénie ne supportait pas la solitude, ma présence seule la rassurait.
Même en sa compagnie, il me fallait bouger. Dans une vielle maison il y avait toujours à faire.
Afin de ne pas sombrer dans la paresse, j’en profitais pour faire des essais culinaires, et ou pour mettre au point ou revisiter des recettes sympathiques, de saison, du marché. 
Le fourneau en bois permettait une cuisson lente, un "mijotage"aux petits oignons. Tel un pianiste, je me régalais d’improviser sur le piano de la gastronomie mes découvertes culinaires. Quelquefois nous cuisinions à quatre mains ce qui nous permettait de laisser libre-court à notre imagination fertile. Et puis entre nous, cet échange et ce partage "inter-générationnel" nous amusait beaucoup et provoquait vous en doutez de nombreux éclats de rire. 
Question ménage, je me réservais le ménage précautionneux, à quatre pattes, je passais l’accessoire brosse-douce de l’aspirateur sur les bords, les cimaises, les chanfreins et, de temps à autre sur les tranches des précieuses reliures de la bibliothèque. C’est émouvant de croiser et toucher du bout des doigts l’histoire. J’ai pratiquement consulté toutes les éditions, j’en lu quelques unes.
«Tu n’est pas là pour cela me disait-elle, repose-toi » alors je visitais ces précieuses éditions, je prenais en mains ces souvenirs historiques. 
 
 
5 - À l’eau...
 
Madame avait l’habitude d’utiliser un téléphone sans fil pendant son bain. Elle appelait toutes ses amies ainsi que ses proches. La baignoire se refroidissait hélas très vite, alors, on rajoutait le contenu d’une bassine d’eau bouillante de temps en temps.
La gentille gouvernante restait une partie de la matinée auprès de Marie-Eugénie, rapportant entre deux appels, tous les ragots du village.
C’est ainsi, que j’acquis la réputation d’être un cougar-homme aux tempes argentées.
Marie-Eugénie avait connu la guerre, quelques privations, la solitude. Nonagénaire, elle était resté alerte, pratiquement autonome sauf dans la baignoire.
Pleine d’énergie, elle était une grande force de la nature malgré où grâce à son âge . 
Toutes les fois que j’étais à son service, nous sortions les fins de semaines parcourir les marchés aux puces, visiter les musées, les expos, ainsi que les établissements recommandés par le guide Michelin . 
Marie-Eugénie aimait beaucoup déjeuner aux tables des meilleurs restaurants de la région frontalière, souvent jusqu’à Lyon. Au volant de sa  vielle et confortable mercedes, j’étais fier comme artaban. De temps en temps on prenait Marie-Eugénie pour une princesse et moi pour le prince consort ou qu’on sort....
 
Á son domicile, elle se contentait de mets simples, avec une attirance toute particulière pour les œufs frais des poules de son jardin.
Les poules les plus heureuses du monde paraît-il. 
Les poules retraitées, non pondeuses ne finissaient pas en poule-au-pot mais reposaient dans le cimetière qui leur était réservé : le carré bellepoule. 
Dans le milieu des gallinacés elles se passaient très certainement le mot: "ici nous avons une belle mort". 
C’était des poules aux plumes soignées, on avait l’impression
qu’elles comprenaient et échangeaient avec nous en gloussant sur plusieurs registres de sons. 
De temps en temps madame me surnommait mon poulet, je lui répondais en gloussant ce qui l’amusait énormément.
 
Jules
julesmountbrion@outlook.com
www.mystery-butler.com
https://www.instagram.com/julesmountbrion/
 
 
 Je vous retrouve prochainement avec un autre chapitre de mon éphémère emploi au service d’une femme au grand cœur.

The mystery Butler | Jules mountbrion

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