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Résumé de la fin de l’épisode précédent .
Les assiettes étaient dressées quatre par quatre sur le rebord du piano (fourneau de fonte) et aussitôt servies sans protocole.
Le gendarme-conservateur de musée avait revêtu un tablier de boucher pour débrocher et trancher le cochon de lait sur une immense planche à découper. Il servait des portions un peu trop copieuses, nous nous faisions passer les plats de légumes ainsi le plat du gratin de pommes à la boulangère.(oignons & pommes de terres mouillés d’un bouillon clair.) et le dessert ....nous le prendrons ensemble prochainement....
Episode 34
1- le bouquet final ...
Comme c’était habituel en terre périgourdine, la partie salée se termina par une salade bien croquante et savoureuse accompagnée de brisures de cerneaux de noix.
Soudainement, je voyais toute l’équipe de cuisiner s’afférer comme si une surprise se profilait.
Effectivement la surprise était un dessert vraiment surprise. Nous nous transportâmes dans la salle des blasons auprès d’une cheminée phénoménale qui s’ouvrait pour accéder aux oubliettes. On fit rouler une table sur laquelle se trouvait une pièce-montée en forme de donjon. Tous les éléments qui composaient la pâtisserie étaient en nougatine
garnies d’une crème pâtissière montée à la chantilly.
Plus diététique que ça, ne pouvait pas exister.
Nous restâmes jusqu’à la nuit tombée, après avoir dégusté, non pas épuisé, presque toutes les richesses de ce terroir. Au moment de prendre congé, et de remercier la Baronne et ses invités, celle-ci insista pour que nous restions tous ensemble boire un bouillon en consommée. Nous étions tellement pompette que ce breuvage fut salutaire. C’est moi qui prit le volant pour rentrer au domaine, espérant ne pas croiser la maréchaussée.
2- Un retour fastidieux.
Nous aidâmes Isidore à accéder à sa chambre, à revêtir son pyjamas "zimmerli of Zwitzerland" , il était tout raplapla.
Etienne emporta ses vêtements du jour ainsi que ses chaussures dans la buanderie au rez de chaussée.
Il avait un regard las, un peu épuisé. Un petit peu inquiet, je choisis ce soir lā, de rester dormir sur le lit de repos de l’alcôve de son dressing.
Vers six heures, je l’entendais frotter quelque chose dans le lavabo. Je ne voulais pas être intrusif cependant, j’aperçus qu’il avait ôté les draps de son lit.
Bonjour Isidore ! que vous arrive t-il ? Il avait un visage hagard, affichant la mine des mauvais jours. D’une main il tenait un drap maculé de pollutions nocturnes qu’il essayait d’effacer . De l’autre, un brosse à ongles. Son élégant pyjama était très pollué . Voulez-vous laisser tout cela , je m’en occupe, enlevez votre pyjamas, allez sous la douche, je vais vous aider. Il semblait un peu humilié, je le rassurais, ‘’tout cela ne sortira pas de la chambre ne vous inquiétez pas’’. Pendant qu’il se douchait, je retirai la parure complète du lit ainsi que son pyjama. J’installai à toute vitesse le drap , une alèse ainsi que la housse de couette. Je l’aidais à se changer après l’avoir essuyé. ‘‘ Dire que tu es obligé de me laver le cul’’ je répliquais avec humour que ce n’était donné à tout le monde de voir son séant, et que ses fesses n’étaient pas si moches ! ‘’tu as le sens de la formule et tu sais toujours dédramatiser toutes les situations...!
3- Le silence des mots.
L’incident clos, je remplissais la machine à laver, je programmais un lavage avec prélavage afin d’effacer toutes les traces rapidement. Ce matin-lā, nous prîmes ensembles le petit déjeuner beaucoup plus tôt que de coutume essayant d’occulter toute allusion à cette panne nocturne.
Je ne voulais pas voir et ou admettre encore que, désormais, tout ne serait plus comme la veille. Dés ce jour, petit à petit, je devais me rendre ā l’évidence : qu’il risquait de lâcher prise, je pensais qu’il sentait ses forces l’abandonner . Je ne verrais plus le guerrier, je ne verrais plus le combattant, cependant, je ne me résignais pas , je ne m’avouais pas vaincu pour autant.
En fin de matinée , il me dit soudainement : "je suis né du ventre de ma mère, je retournais bientôt dans le ventre de la terre". J’étais surpris par ces propos , je ne m’y attendais pas. Je répliquais aussitôt que cette destination nous était irrémédiablement réservée et, que la route de la vie était une plus ou moins longue retraite devant la mort. Nous étions toutes et tous égalitaires devant cette échéance finale.
Ne vous inquiétez-pas, vous allez devoir me supporter encore quelques temps, nous ferons encore et ensembles de grandes choses: je m’y emploierai...
3- La contre-attaque.
Nous étions convenus, que dorénavant, il faudrait s’alimenter raisonnablement, absolument éviter les agapes trop généreuses trop souvent, surtout au diner.
Avant notre retour sur Paris , avant notre réinstallation, il fallait une pause nécessaire pour Isidore, et pour moi.
Là, j’ouvre une parenthèse pour relativiser mon action . Un excellent majordome doit s’adapter à toutes les situations, surtout si vous êtes un majordome à résidence. On partage souvent le meilleur quelquefois le pire, la maladie, les drames, la fin de vie .
Ma réaction et mon action, résultaient de mon éducation familiale, j’avais été préparé au meilleur, comme au pire, je connaissais les gestes qui sauvent je savais quoi faire et quand et comment faire.
4- « L’intelligence n’est pas ce que l’on sait, mais ce que l’on fait quand on ne sait pas »
Jean Piaget
J’essaie tant bien que mal, de vous faire entrer dans la sphère d’un majordome qui organise le fonctionnement d’une grande maison, autour d’un homme hors du commun. Dans l’excellentissime film : "vestige du jour " Anthony Hopkins interprète le rôle d’un fabuleux majordome traverse les époques et les turbulences historiques. Il est au service de ses maîtres, avec une attitude exceptionnelle, servant avec honneur et fidélité sans aucun état d’âme pour les événements extérieurs. C’est un film qui met en exergue une haute conception du service, un dévouement absolu au chef d’une grande maison.
Ce sont les grandes maisons qui font les grands majordomes et vice-versa. Ces derniers,ont donc intérêt à servir des maîtres de qualité, condition sinéquanon pour être tiré vers le haut et accomplir sa vocation loin des médiocres. Notre Etienne était bien parti pour accéder à l’excellence, je m’en réjouissais.
5- Show must go on ...
Comme évoqué précédemment, j’avais l’intention de suggérer à Isidore, une retraite de quelques jours avant notre retour en région parisienne. La résidence Valaisanne disposait désormais une isolation thermique efficace, de plus, la cheminée avait été ramonée. De par son altitude, Crans-Montana bénéficiait d’un climat salutaire, vivifiant pour retaper Isidore. Mes amis valaisans m’avaient informé qu’il faisait très beau actuellement dans ce splendide canton.
Le temps de mettre en place les congés des personnels,
de distribuer les tâches à effectuer, je prévenais aussitôt la gardienne valaisanne ainsi que le bureau de Paris. Cette fois-ci, Etienne serait du voyage et nous accompagnerait en Suisse. Il était important compte tenu de sa future promotion qu’il ignorait encore, qu’il découvrit notre beau pays ainsi que cet ancien chalet familial.
A notre atterrissage à Sion, la gouvernante Suisse était déjà sur le tarmac discutant avec les gardes frontières qui furent méticuleux mais, adorable comme de coutume. Mélanie la gouvernante était venue au volant de notre vielle mercedes quatre roues motrices aux sièges chauffants équipée de pneus neige.
6- Retrouvailles valaisannes.
Après l’atterrissage, juste avant de remonter sur Bluche nous nous sommes arrêtés à l’hôtel terminus de Sierre au restaurant de Didier de Courten. C’est incontestablement une des meilleures tables Suisse, ce chef cuisinier est un véritable architecte du goût.
Isidore adorait la table, et l’ambiance de cette splendide maison , qu’il avait surnommé la popote valaisanne.
En remontant vers Bluche, Isidore servait de guide touristique à Etienne qui goûtait toutes les paroles d’Isidore avec grand intérêt.
C’était agréable de retrouver nos racines, de les partager avec notre Etienne qui avait hâte de parcourir et apprécier à vélo cet écrin helvétique.
Installés au chalet, j’en profitais une fois encore, de prévenir les amis encore vivants de notre présence en Suisse. Je visitais la maison avec Etienne lui indiquant le fonctionnement du chalet, nos fournisseurs, et surtout les numéros d’urgences locaux, comment et quoi faire au cas il y aurait une urgence médicale. Je partageais avec Etienne la mission de public relation ainsi que la gouvernance du chalet sous l’égide de Mélanie. Sans encore le lui dire, je le préparais à son indépendance, pour une autonomie responsable et totale au sein du groupe et de la famille.
Je lui indiquais comment se constituer un répertoire des relations d’Isidore, des membres de la famille, ainsi que les lieux référencés. Il devait tout noter : restaurants, fournisseurs, prestataires, horaires des trains, aéroports . Il devait s’aligner et s’adapter à toutes les règles communales, cantonales, et fédérales de la Suisse.
Le programme valaisan n’était pas fastidieux ni pour Etienne ni pour moi, il devrait s’émanciper et voler de ses propres ailes tout bientôt.
Un soir nous nous décidâmes de lui annoncer qu’il serait investi de nouvelles responsabilités. Nous connaissions sur la route de plans-mayens à trois kilomètres de Montana le restaurant "la dent blanche" . Cette maison servait les meilleures fondues et raclettes de la région. La famille Crettaz accueillait depuis plusieurs générations la jet-set locale, ainsi que les célébrités de passage.
C’est lā, auprès de la cheminée après avoir bu "trois décis"de Cornalin ( le plus grand des vins rouges du Valais) , qu’Isidore lui annonça la nouvelle ...mais, je vous en reparle tout bientôt...
The mystery Butler | Jules mountbrion
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