Résumé de la fin de l’épisode précédent.
Comme j’écrivais plus haut : le spectacle continue et continuait. Nous avions à présent trois boss, trois présidents.
Il avait une pêche communicante, bref c’était un beau gosse, c’était un vrai un guerrier. Il fallait à la fois anticiper, le guider, le suivre éventuellement mais, veiller sur lui.
Je le connaissais depuis quelques années, nous nous tutoyons je lui ai demandé si nous poursuivions cette forme de communication ou allions nous revenir à un rapport plus formel .
« On ne change rien, on ne change pas une équipe qui gagne, suffisamment diplomate, tu sauras toujours jusqu’où ne pas aller et que faire: tu es mon ami »
Je m’étais marcotté à la résidence, mes racines s’étaient profondément ancrées.
N’allais-je pas tarder à m’accrocher aux murailles ?
Une semaine suffit pour remettre de l’ordre dans la résidence après les déjeuners & conférences de la semaine passée.
On installa Francois-Isidore dans la suite au dessous celle de son grand père, la maison se rajeunissait soudainement avec l’arrivée de ce charmeur et charmant jeune homme, ce futur homme d’affaire qui allait faire entrer la maison familiale dans le XXIé siècle.
Episode 26
1-O temps suspend ton vol ...
Les années s’écoulent au rythme des saisons, les rides s’incrustent, les articulations se raidissent, le cuir chevelu s’éclaircit inexorablement;
la lutte contre le temps est un combat que l’on perd hélas, toujours.
Monsieur aimait dire à ses amis que la vie est une plus ou moins longue retraite devant la mort
Je commençais à prendre la couleur des murs tant, j’étais intégré
à la splendide demeure. Comme je l’écrivais plus haut, j’étais marcoté ou greffé solidement .
Un soir, en visionnant des cassettes, et des CD de notre demeure et des événements qui avaient ponctués sa vie, il eut après la diffusion des images, un grand silence.
Nous nous regardions les uns les autres pour constater que nous avions tous vieilli .
Seuls les bronzes et les meubles anciens avaient une patine de plus en plus séduisante. Les toiles qui revenaient du ré-entoilage et de la restauration aller
entamer allègrement un troisième siècle d’existence.
Monsieur et moi ne pourrions être ré-entoilés et retendus sur un nouveau châssis. Comme des xylophages sur des meubles anciens, le temps nous grignotait petit à petit.
2-La révolution de velours.
L’arrivée du jeune Jean-Isidore allait stimuler l’institution, la dépoussiérer et assurément, la moderniser. Son arrivée soudaine n’était pas anodine.
J’avais suggéré pas mal de travaux en améliorant bon nombre de choses, mais Jean-Isidore avait discuté et pas mal échangé sur ses idées et visions XXI siècle avec ses parents & avec son grand père.
Isidore ne pouvait et ne savait rien refuser à son petit fils. Il allait suivre une formations en alternance, hautes études commerciales et un fauteuil doré. Au sein de l’entreprise familiale.
Il fut décidé d’un grand chantier afin d’épurer cette maison construite sous le directoire. Monsieur quitterait sa résidence parisienne quelques semaines pour se réfugier dans sa résidence de Dordogne à Salignac-Eyvigues en Périgord noir, pas très loin du fameux jardin du manoir d’Eyrignac.
J’espérais que cette transhumance n’affecterait pas mon monsieur dans les habitudes de vie d’un presque nonagénaire.
Au début rien ne filtrait, les hommes de finances, les architectes commençaient leur travail sur des plans au bureau, j’étais partiellement dans la confidence. Je participais seulement à la réflexion globale lorsque, j’y étais convié.
J’indiquais la distributions des pièces, l’épaisseur des murs et quelques informations essentielles.
Il fallait rendre l’intérieur fonctionnel, facile d’entretien et surtout agréable à vivre. Une extension de construction était envisagée pour y loger un ascenseur.
J’avais au début de ma prise de fonction recommandé une prisée inventoriant les objets et les œuvres d’art, par un commissaire priseur parisien.
L’idée était de vider, entièrement la maison pour éviter tout accident et toute disparition. Tout serait transporté dans un garde-meuble sécurisé par un transporteur spécialisé en déménagement d’œuvres d’art.
Le commissaire priseur superviserait l’enlèvement.J’avais pu entendre que quelques objets seraient finalement vendu à Paris Drouot.
3-Première étape : la reconnaissance des lieux en Périgord noir.
J’allais seul en Dordogne quelques jours, pour rencontrer les gardiens, et les fermiers. Depuis le décès de madame,il y avait quelques années, personne n’était revenu séjourner dans cette ancienne ferme convertie en maison de maitre.
J’avais pour mission de recruter deux personnes pour relooker et astiquer l’ancienne demeure. Je voulais surtout rencontrer les artisans, convenir d’un calendrier des travaux de remise en fonction des installations restées longtemps silencieuses.
Les deux véhicules utilitaires devraient subir une révision totale ainsi qu’un lifting
absolument nécessaire. Elle sommeillaient sous une bâche poussiéreuse.
Je dormais dans un hôtel proche, le temps de ma mission pour me permettre d’être très tôt sur place et, recevoir les prestataires.
J’étais un représentant mi-éminence grise, mi-majordome. Toutes ces personnes, tous ces collaborateurs étaient absolument remarquables me secondant efficacement. Je maîtrisais rapidement les lieux, l’espace, le volume et, les personnes.
Toutes et tous avaient le sens du devoir et, une loyauté presque totale envers la famille que je représentais, sauf que...
Le domaine était immense, entouré de vignes, de bois de chênes, de châtaigniers, de truffières avec en son centre le corps de ferme. Le jardin potager jouxtait un ferme & une basse-cour, habitée par une demi douzaine de porcs noirs, ainsi qu’une cinquantaine de canards, oies, poules et autres volailles, ainsi que Marcel le chien truffier. Quoi de plus normal que de chercher des truffes avec une truffe (de chien) pareille.
4- La question qui dérange.
Je glissais diplomatiquement une question loin d’être innocente, question qui m’avait été suggéré par le fils de monsieur Isidore.
Vous avez veillé et entretenu un domaine familial pendant plusieurs années cependant, les réserves, les congélateurs, le garde-manger, les chais, sont désespérément vides ? Ou sont les produits du domaine dont me parlait monsieur ? Les employés-gardiens furent surpris par cette question tout à fait légitime mais dérangeante.
Sentant un soudain mal-aise, j’ajoutais que sans doute et par sécurité que les conserves, les bocaux, étaient stockés ailleurs.
Ma question avait dérangé, mais ma réponse avait soulagé.
Le lendemain nos réserves avaient miraculeusement réapparues à ma grande satisfaction. Je décidais de ne rien divulguer à la famille, l’incident était clos,
tout était rentré dans l’ordre. Tout le monde avait admis que je n’étais pas tombé de la dernière pluie.
5-Joseph & Marie et les trois petits Jésus.
Je recrutais deux séniors recommandés par le bureau local du travail. Il s’agissait d’un couple Joseph avait cinquante ans, Marie était légèrement plus jeune. Avec des prénoms pareils je ne prenais aucun risque. Ce ménage avait trois adolescents ravis de voir revivre leurs parents.
Muni de leur adresse, je m’étais rendu inopinément à leur domicile pour faire leur connaissance et discrètement découvrir l’intérieur de leur domicile.
Spontanés et honnêtes ils m’invitèrent à goûter leur cuisine le temps d’un diner.
J’étais reparti rassuré, leur intérieur était bien tenu, coquet à l’extérieur rassurant à l’intérieur. Les meilleures informations les concernant me confortaient et étayaient mon choix. Les ados étaient impeccables et superbement éduqués.
Le siège de la société rédigerait et officialiserait notre relation de travail. Nonobstant, ils purent aussitôt intégrer la maison.
Je leur recommandais de s’approprier et d’apprivoiser la maison tranquillement.
Leur chômage avait duré 6 ans, élever trois enfants avec un mini budget avait été terrible. Venez travailler avec bonne humeur, laissez du temps au temps, prenez le temps de vous réadapter à un rythme conforme à votre nouvelle vie et à vos enfants.
Je décidais de rester quatre jours de plus pour les aider à s’intégrer et prendre en main la maison. Leurs enfants étaient associées aux agapes que nous partagions dans la cuisine de cette ancienne bâtisse avec des produits de notre domaine dont les fameux œufs brouillés aux truffes et les confits maison.Je n’ai jamais autant gouté et mangé de salades périgourdines et de noix pendant ce court séjour.
J’avais un budget argent de poche pour encourager ces ados pleins de gratitude à mon égard, heureux et fiers de seconder leurs parents.
J’avais donné des instructions fermes et sévères concernant le respect de notre vie privée, surtout de ne rien communiquer, rien divulguer de la sphère intime des occupants dans les villages, aux alentours, à qui que se soit.
6- Début du chantier.
Je leur confiais des tâches d’assainissement et de nettoyage à l’intérieur, d’assécher l’atmosphère en entretenant les feux dans les cheminées préalablement ramonées.
L’immense piano (vieux fourneau en fonte de la cuisine) devait lui aussi être remis en fonction.
Le planning de la remise en ordre de la résidence était très fourni, notre couple avait du pain sur la planche, pour cirer, lustrer, aspirer la maison, et changer la literie des chambres.
Pendant ce temps à Paris, mes deux collègues alternaient auprès d’Isidore et de Jean-Isidore.
Les deux maîtres de maison prenaient fréquemment leurs repas à l’extérieur ou, se faisaient livrer par le même restaurant qui avait autrefois employé notre Etienne ‘’le cycliste mouillé’’.
Après presque une semaine ayant remis tout le monde sur les rails de la loyauté
et de l’efficacité, je m’absentais pour préparer l’emballage de la verrerie et des vaisselles de grande facture.
7- Le grand chambardement .
Retourné à Paris, je n’avais jamais vu autant de papier-bulle, de caisses, de manettes, d’emboîtages, et de casiers autour de la maison.
Notre rôle, était de vider et d’identifier chaque objet. Le clerc du commissaire priseur saisissait sur son ordinateur, le contenant, le contenu, la pièce, la destination. Une couleur différente indiquait chaque pièce de la maison , des photos étayaient l’identification.
J’avais autrefois participé à des déménagements, mais cette fois il s’agissait de déménager un musée tricentenaire.
La logistique était magistralement efficace et précautionneuse. Grand merci à ce commissaire priseur et à son prestataire pour cette fabuleuse opération.
À la lecture de cet épisode, j’invite mes lecteurs à communiquer avec moi
au cas ou vous auriez recours au service de ces efficaces professionnels.
Une tornade tranquille avait tout ravagé des sous-sols aux greniers, monsieur Isidore était un peu perturbé et songeur. Pour lui remonter le moral, je lui récitais les vers de Joachim Du Bellay « Quand révérai-je, hélas,de mon petit village fumer la cheminée et en quelle saison, reverrai-je le clos de ma pauvre maison... » Tu parles : me répliquait-il ...
Etienne Josette et moi serions en déplacement au pays des truffes, des noix, et des mille châteaux...
The mystery Butler | Jules mountbrion