Résumé de la fin de l'épisode précédent.
Je ne vais pas vous raconter son historique personnel, il était la victime co-latérale d’un drame familial.
Je me souviens des mots aimables que monsieur lui dit ce soir là : « quand on a une une voix aussi douce, un regard aussi franc, quand on sait tenir ses couverts élégamment, vous êtes la personne que nous recherchons »
L’intérim de monsieur s’était achevé en douceur, par sa magistrale opération de fusion acquisition. Son fils avait définitivement acquis que l’expérience de son père était indispensable au développement du groupe.
La salle à manger de la résidence reprenait du service pour les repas sensibles et les conférences à huis-clos.
Nous avions certes enlevé le cyclo-livreur au restaurant, en revanche, le chef-propriétaire avait remporté un grand marché à la résidence.
J’allais commencer à former notre assistant-majordome, qui fut rapidement apprécié par toute la famille, ainsi que les collaborateurs du bureau.
On appréciait sa bonhomie, sa douceur son humanité .
Episode 21
1-La mise en condition du petit.
Vingt-et-un épisodes nous lient désormais.
Je peux, phrases après phrases , dévoiler les prénoms des acteurs de cette superbe saga familiale.
Le dernier, sauvé des eaux ne se prénommait pas Moïse mais Etienne.
Il avait tout juste vingt ans .
Après les vérifications d’usage par la DRH du groupe, l’essai était transformé pour notre grand adolescent.
Il y avait cependant quelques conditions essentielles: ne pas communiquer d’information via les réseaux sociaux, pas d’images, ni divulguer les identités des personnes vivant ou venant à la résidence.
Il avait l’interdiction formelle de ne recevoir personne de sa sphère personnelle.
Il était logé par l’employeur chez l’employeur avec les règles de l’employeur.
Etienne voulait tout apprendre, tout de suite. Je m’y employais.
2-J’installe mon assistant.
Logé au RDC de la maison du gardien auprès de ma petite famille, il soufrait de grave lacunes affectives.
Il fallait l’apprivoiser.
Son regard était au début, plein de craintes et de doutes, il manquait de confiance en lui.
Avec moi aux commandes, il n’allait pas avoir le temps de penser, ni de douter.
Le haut niveau des prestations et les exigences du groupe allaient en quelques mois, le formater et le former.
Les premiers jours, je l’ai confié à Josette une basco-béarnaise, à la fois dame de pique et dame de cœur de la résidence.
Elle avait connu feu madame, et connaissait intimement la résidence.
Elle n’était pas spécialement pédagogue, mais, disposait d’un bon sens inouï. Veille-fille, je lui avais confié ce grand gosse, doté d’une immense envie d’apprendre.
Le ménage fonctionnait bien; je parle des deux ménages: de la maison et de la relation avec Josette.
Dépaysé, il devrait se créer un entourage amical mais, très vulnérable, je demeurais très vigilant .
3-L’apprentissage.
L’amplitude horaire était large: huit heures de travail pour lui, 2 à 3 heures pour moi. Au début, je lui assignais des missions de corvées générales pour tester son esprit d’initiative.
Je n’étais jamais déçu.
Je lui ai présenté l’aspirateur d’une manière humoristique. J’expliquais l’usage de cet étrange et merveilleux appareil à Etienne ainsi que l’utilité de chaque accessoire. Il me regardait avec des yeux ébahis. Il était brut de décoffrage.
Il prenait des notes que je corrigeais le soir avant de me coucher. Le mot ‘’philtre’’ m’avait beaucoup fait sourire ainsi que le mot ‘’ci prés’’.
Il devait vérifier les filtres et les sacs, les changer quand il le fallait, enfin, s’assurer qu’il y en avait toujours en réserve.
Mal utilisé, mal controlé,cette machine pouvait être désastreuse pour les meubles estampillés et nos sièges anciens.
Je lui démontrais la nécessité d’imprégner le sac d’un parfum spécifique ou des goutes d’essences de cyprès ou de lavande de Provence.
Les senteurs étaient rassurantes, elles aidaient à occulter la sirène du moteur.
La brosse douce permettait d’épouser les bordures des cadres, des chanfreins, des cimaises et autres sculptures.
Les prolonges de tuyaux, les différents outils avaient leur rôle dans l’entretien des tissus, tapisseries, et literies.
Il était formellement interdit de l’utiliser pour nettoyer l’âtre de la cheminée ou de le prêter à des ouvriers de chantier.
Il ne pouvait le ‘’passer’’ que si personne n’était dans la maison, de s’assurer que le fil n’était ni un obstacle, ni un danger pour les autres personnes travaillant à la résidence.
On commençait toujours par les étages supérieurs, on finissait par le salon et la salle à manger non dressée, chaises écartées, puis, les circulations.
Lorsqu’on aspirait une pièce, on se retirait en reculant afin de ne pas laisser de traces... Plus tard, je ferais l’acquisition d’un aspirateur dorsal sans fil, ce qui permettra une immense autonomie, et une mobilité très efficace à mon assistant, et surtout, un gain de temps.
4-L’élève surpasse le maître.
Je retrouvais un matin, l’aspirateur habillé de chutes de mousses récupérées de l’équipement des salles de bain.
L’astucieux Etienne avait trouvé le moyen de réduire le bruit et, de protéger notre aspirateur qui avait l’aspect d’une tortue de combat..
Mon monsieur (M. Isidore) en découvrant le nouveau look de l’aspirateur sourit et me dit: « c’est un aspirateur d’assaut maison ? Eh bien avec ç’a, on ne risque plus rien ... »
Semaine après semaine, petit à petit, je transmettais mes connaissances, mes savoirs-faire. Faire une chambre à fond, nettoyer une salle de bain avec une finition brosse à dents et vinaigre d’alcool blanc, entretien de la cuvette des toilettes avec les mêmes outils etc etc...
5-Les nettoyages particuliers et ponctuels.
J’étais particulièrement attentif à l’entretien intérieur des différents meubles estampillés ainsi que des penderies, et des tiroirs .
Il était bien connu que le diable se cachait dans les détails.
Cette action permettait de prévenir la vrillette, les xylophages sournois :
des squatteurs destructeurs et silencieux.
S’il on trouvait une poussière de bois ou une sorte de sciure dessous les meubles nous devions intervenir aussitôt.
Ce type d’entretien se produisait deux fois l’an, suivi de l’application d’un xylophage puis, d’une cire d’abeille maison .
Suivait la séance de décrochage des toiles et autres cadres afin de chasser les araignées, détruire leur résidence secondaires, vérifier les cordons et les attaches, nettoyer les vitres.
Nous avions également veillé à rendre solidaires les tapis au sols, il était important que M.Isidore et les autres invités soient en permanence en sécurité dans la maison.
J’avais souvent entendu auprès de moi que des personnes s’étaient mortellement blessées, prises dans un fil d’une lampe ou d’un téléphone ou d’avoir trébuché sur un tapis instable.
J’étais vigilant à ces points essentiels. Je transmettais la sécurité & l’entretien des biens et des personnes à Etienne; attentif, il était extrêmement vigilant à ma grande satisfaction.
Pendant « les classes d’Etienne » la vie continuait à la ‘’grande maison de la prairie’’ ..
The mystery Butler | Jules mountbrion