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The mystery Butler | Majordome Mystérieux | Mon Monsieur

Les rizières de l'honneur.

 

Des bureaux de la société, nous organisâmes les jours qui suivirent une conférence téléphonique entre mon monsieur et les trois derniers camarades de son fils. Il m'avait demandé d'organiser cette rencontre, cependant il la redoutait  Il en avait envie, mais il en avait peur.

Avant de disparaître, monsieur souhaitait en compagnie des trois ex-militaires revivre les derniers instants de son fils ainé et comprendre les circonstances de ce drame.

Ce jeune lieutenant était tombé "mortellement blessé" dans une rizière d'Indochine. Il était mort au service de France, Il y avait quarante-cinq années, il avait juste vingt-cinq ans.

Je comprendrais dans quelques jours l'importance de mes recherches.

 

 

 

Je serrais présent à ce moment tant attendu par mon monsieur ....

Episode 15

1- Voyage au pays Basque.

 

Beaucoup trop d'évènements s'étaient produits en quelques mois depuis notre retour de Suisse, j'avais vraiment envie de souffler. 

Il était hors question de tirer au flanc, ni de laisser mon monsieur seul dans sa grande maison. Il ressentait ma lassitude, il savait l'interpréter sur mon visage.

 

Les vacances de Pâques approchaient, avec un long pont de 4 jours.

J'interrogeais la secrétaire du président pour savoir si quelques événement était prévu pour ce week-end pascal à rallonges..

Je m'apprêtais à me rendre au siège de l'entreprise pour le chercher et faire quelques courses au bon marché comme toutes les fins de semaine.

Mon téléphone sonna: "restez au domicile on vous rejoint ".

Trente minutes plus tard une voiture arriva avec à son bord la secrétaire et monsieur.  

 

La secrétaire venait fermer la maison, informer les compagnons de ne revenir que l'après-midi du mardi suivant Pâques.  Ma surprise était totale.

Pour la première fois de ma vie j'étais kidnappé, je devenais l'otage de mon adorable boss.

Le chauffeur de mon monsieur nous conduisit à l'aéroport du Bourget. 

On s'assit confortablement dans le jet du groupe, pour une destination que je découvrirais soixante-cinq minutes plus tard. 

Je n'avais ni valise, ni affaires de toilette, je ne m'inquiétais pas pour autant. Épuisés, nous nous sommes assoupis pendant la durée du vol pour atterrir 

à l'aéroport de Biarritz-côte basque. 

J'allais séjourner pour la troisième fois de mon existence dans ce merveilleux hôtel du palais de Biarritz cher à Napoleon III et à l'impératrice Eugénie.

 

 

2-L'hôtel du Palais.

 

Après un frugal et rapide diner, je montais me coucher pour un sommeil de dix heures, oubliant mon service auprès de monsieur. J'avais volontairement laissé les fenêtres de ma chambres ouvertes, me laissant bercer par le bruit soporifique des vagues de l’océan. À mon réveil, des entrées maritimes masquaient le ciel et l'horizon, je touchais presque les nuages de mon lit ...

Je décidais de me réfugier encore un peu sous la couette respirant un air iodé tonifiant.  À neuf heures, j'abandonnais ma couette pour une salle de bain beaucoup plus chaude que ma chambre.

Je m'habillais avec mes habits de la veille, puis je descendais dans le hall de l'hôtel faire un tour de repérage. 

 

"Bonjour avez-vous bien dormi" me demanda le concierge ?

Oui trop bien merci. Le concierge me dit que mon monsieur était parti trés tôt ce matin me laissant une enveloppe. Je l'ouvrais au bar, me faisant servir un petit-déjeuner tardif. 

Dans l'enveloppe, un petit mot aimable et courtois comme de coutume et deux billets violets de mille francs Suisse.

"Jules, remonte la place Georges Clemenceau. 

Vers les galeries Lafayette,  il y a un bureau de change, achètes-toi quelques fringues class-cool, quelques produits d'hygiène pour nous deux puis, dirige-toi vers le marché couvert. 

Sélectionne les meilleures charcuteries, les meilleures spécialités, pour une douzaine de personnes. Achètes six bouteilles d'Irouleguy Brana ou domaine Arrextxea,( vins Basques)  ainsi que des  chocolats et macarons chez la maison Adam; ne transportes rien, fais-tout livrer dans l'heure à l'hôtel et rejoins-moi à Arcangues".

(les macarons de la maison Adam furent servis en 1660 sur la table du roi Louis XIV à l'occasion de son mariage avec l’Infante Marie-Thérèse d'Espagne)

 

 

3-Un repas mémorable.

 

J'enfilais mes fringues class-cool, enfin je rejoignais monsieur entre Biarritz et St Pée sur Nivelle dans une très belle maison de style basco-béarnais.

Dés l'entrée, après le portail, un jeune homme avec un accent basque puissant vint vers moi, "Agur ! ongi etorri " (Bonjour soyez le bienvenu) me dit-îl en basque me guidant vers l'emplacement de la voiture, ‘’suivez-moi, ils sont tous dans la cuisine".

 

Monsieur me présenta les propriétaires & les invités tous réunis autour du "piano" central de l'immense cuisine-verrière. Je reconnaissais bien sûr la plupart des amis de monsieur.

Tous revêtus d'un tablier blanc à bavette orné de lauburus (croix Basques) multicolores, ils essayaient de mettre la main à la pâte tant bien que mal tenant une spatule dans une main, un verre d’Irrouleguy dans l'autre.

Il régnait une superbe ambiance d'adolescents séducteurs dans une cour de collège. La cuisine ressemblait à une immense serre englobant ou enfermant un grand jardin potager. Les installations culinaires étaient disposées en ligne au milieu des plantes aromatiques et des légumes de saison. Les plans de travail étaient très bien étudiés, permettant à madame de donner des cours de cuisine en pleine nature. 

La maîtresse de maison écrivaine, me confia la mise en place de la table de la salle à manger avec pour consigne de laisser libre court à mon imagination. Je ne m'en privais pas, jonglant avec les matières et des couleurs.

La salle à manger s’ouvrait sur une cour intérieure, ressemblant à un patio Andalou avec en son centre, une petite fontaine qui murmurait doucement.

 

 

4-L'art de la table à table.

 

Le fond de la salle à manger était ornée par une fresque représentant une partie de pelote basque au trinquet de St-Palais.

Le mur aveugle était éclairé  par 5 toiles  "trompe-l'œil": représentant cinq fenêtres ouvertes vers l'extérieur. Ces toiles avaient produites par Maurice Laroche, artiste béarnais (trompe l’œil-tiste) ami de tous.

J'avais presque envie de me pencher aux fenêtres tant l'effet était  réaliste.

Nous avions quelques toiles du même artiste en notre résidence parisienne. 

L'artiste et l'homme divisait sa journée en deux, une pour produire dessiner, et l'autre pour laver, rincer ses pinceaux et nettoyer son atelier.

 

Je dressais la table avec un "matériel"  inhabituel pour un majordome, 

c'était de véritables pièces musée que l'exposais sur table pour la première fois de mon existence. Ces œuvres d'arts, étaient toutes signées par de noms célèbres dont Pablo Picasso, Massier, elles avaient toutes une double vocation mêlant l'esthétique à l'utilitaire .

J'avais déjà vu des "poteries et faïences" semblables  lors de ventes aux enchères, et en visitant le musée Picasso d'Antibes. Ces belles pièces étaient connues sous le nom de zoomorphes et barbotines. Pour la première fois de ma vie, je m'exprimais librement, mariant les matières et les couleurs pour un art de table festif, conscient du grand moment que je vivais.

Confectionnés à Espette chez Luz les serviettes et les sets de table étaient tous différents, tous brodées de chisteras & de lauburus verts & rouges.

Je les disposais en "écharpe" les laissant retomber sur les rebords afin d'enluminer la table d'une manière originale.

 

Ce jour-là notre repas fut bien particulier, c'était un " déjeuner-brunch-goûter-diner & souper" à la fois, qui se poursuivit jusqu'à 23 heures, entrecoupé par trois intermèdes typiquement basques, musicaux & dansants.

Les sublimes produits du terroir basque entre océan & montagne inaugurèrent "gastronomiquement"  et fastueusement notre séjour en pays Basque.

J'avoue que nous étions très très  largement imbibés après ‘’cette suite gastronomique’’ aprés cette particulière agape basque.

Par prudence, nous retournâmes à l'hôtel en taxis.

Je ne me souviens plus, qui a aidé l'autre à retrouver sa chambre, tout était étrange..

 

Je récupérais notre véhicule le lendemain.

The mystery Butler | Jules mountbrion

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