rappel de la fin de l'épisode précédent ...
Cette intense période, ces épreuves allaient contribuer à construire autour de moi une sorte du bouclier thermique résistant à toutes températures .
Allais-je relever ces défis de la vie, et faire face à ces aléas non enseignés à l'école hôtelière ?
Seul à la résidence je préparais ce soir-là mon plan de bataille.
Episode 11
Tout au long de ce récit, j'occulte volontairement ma vie affective, je préfère ne pas l'aborder bien qu'omniprésente dans mon cœur et dans mon âme.
Pendant l'hospitalisation de monsieur, son fils me fit entièrement confiance, me laissa carte blanche, mit les moyens financiers pour gérer le dossier tempête.
Je pouvais compter entièrement sur la collaboration et sur la logistique de ses collaborateurs pour rédiger les courriers et convoquer nos artisans.
Le deuxième jour je priais un photographe et un huissier de venir constater les dégâts de cette tempête à l'intérieur, à l'extérieur de la maison et dans la propriété, cette stratégie éviterait tout malentendu .
Via les bureaux du fils, on fit venir les assureurs afin de constater et d'évaluer le montant du sinistre, je tentais de faire le maximum pendant l'hospitalisation de monsieur.
La société du groupe avait un très grand et confortable portefeuille d'assurances, nous étions donc en position de force pour nous imposer, j'en profitais , j'en abusais.
Simultanément sans en informer l'assureur, je convoquais le couvreur, le zingueur, le menuisier, l'entreprise de jardinage enfin, j'engageais deux femmes de ménage pour m'assister aux taches domestiques pour une mission ponctuelle d'un mois.
Trois jours après, tout ce petit monde se retrouvait à la maison à la grande surprise de notre assureur qui me fusillât d'un regard glacial.
Il appela aussitôt le bureau de la société pour se plaindre de mon attitude non conventionnelle, la collaboratrice du boss lui répondît que j'étais le gestionnaire
responsable donc décisionnaire.
J'avais tellement mis la pression que j'obtenais de l'assureur une avance pour chaque artisan, lesquels s'engageaient à intervenir dans les dix jours.
Je faisais rédiger des chèques complémentaires par la société pour être certain d'obtenir une intervention sous 48 heures, je m'engageais à leur verser un chèque en fin de semaine, de prendre en charge les déjeuners et boissons s'ils étaient pris sur place .
En pratiquant de la sorte j'évitais les pertes de temps et les éventuelles disparitions dans la nature.
Deux chantiers commencèrent le surlendemain celui des arbres, et celui à l'intérieur de la maison.
Je distribuais deux tâches différentes aux femmes de ménage qui ne chômèrent pas talonnée par ma pugnacité. Si elles se montraient efficaces, je me montrerais très généreux en fin de semaine.
Si elles acceptaient de travailler le WE elles seraient payées trois fois le prix.
L'entreprise de jardinage me mit à disposition aussitôt deux compagnons équipes de tronçonneuses pour débiter les arbres abattus et rendre la maison accessible aux autres entreprises.
Je voulais absolument qu'il ne resta pas ou plus de traces au retour de monsieur
dans sa maison. Les bûcherons-jardiniers débitèrent les arbres sur place, le bois serait gardé pour alimenter les cheminées, je fis construire un "hôtel à insectes" avec des rondins de bois, et un espace à compost.
Il était difficile de trouver des essences avec une croissance rapide. Notre paysagiste Antoine Ménard (http://www.thegardener.fr/) nous apporta la solution idéale .
Je voulais animer le jardin, voir pousser les plantes, on planta des arbres fruitier sur espalier le long des murs de clôture, on construisit une petite serre pour y cultiver herbes aromatiques, quelques salades et fruits rouges.
Plus tard on installera dans la serre un petit poêle à bois et des chaises pliantes pour se réfugier au soleil de l'automne au milieu de nouvelle forêt de mon monsieur
Un apiculteur déposa deux ruches au fond de la propriété, enfin on grillageât un enclôt pour y accueillir un poulailler et ses pensionnaires;
L'espace amputé de ses arbres centenaires reprenait forme.
Nous étions fin février, dans quelques jours le printemps viendra réveiller les végétaux, effacer sans doute, les stigmates de ce caprice de la nature.
Motivées par les avantages financiers, les femmes de chambres étaient d'une efficacité redoutable, comme des tornades blanches tout fut remis en ordre rapidement, dépoussiéré, encaustiqué.
Les baies vitrée et les fenêtres furent concédées à une entreprise spécialisée
qui se chargea du remplacement des vitres brisées.
Apres le déjeuner de notre équipe, je me rendais à l'hôpital avec le courrier arrivé et les news du jour.
Comme d'habitude, nos échanges étaient courtois, je suggérais, je communiquais, Il approuvait pratiquement toutes mes initiatives qui étaient rapportées pour validation à monsieur fils.
J'essayais de rester zen et fort; cependant il était difficile d'aborder la disparition d'amis, de proches, et lui parler de la situation de son fils.
Étais-je un traitre en étant complice ? Etais-je un traitre en gardant pour moi des situations et filtrant des informations ? J'allais avoir une réponse au cours d'un dîner avec son fils . Sa collaboratrice me demanda s'il m'était possible de partager un diner avec le boss et si j'avais restaurant préféré.
Il m'était impossible de ne pas accepter mais par courtoisie, je laissais à son assistante le choix du restaurant ...je ne fus pas déçu .
The mystery Butler | Jules mountbrion