top of page

La naissance et l’histoire de la famille de Jules

La naissance et l’histoire de la famille de Jules

Préface


Du ventre au berceau.

Dans la parution précédente, je vous ai dévoilé un tout petit-peu une partie de mon adolescence entre mes parents et un couple de voisins superbement bienveillants à cheval sur les traditions et, sur le savoir-vivre.
Dans cette tribulation, vous me verrez pointer mon nez un matin d’avril dans une splendide famille,dans une très ancienne maison, dans une superbe région de France qui a été au temps jadis, théâtre de drames.
Comment parler de moi sans évoquer essentiellement l’histoire de ma famille et de la terre dans laquelle nos racines ont souches, comment ne pas vous parler de leur vie rude, de leur foi inébranlable et, de l’esprit qui les fit vivre et, qui continue de m’animer tous les jours.
Mon père disait que la vie n’était pas que miel, pour construire l’homme il fallait aussi et hélas du fiel.
Merci à toutes celles et ceux qui m’ont précédé dont le suis le rameau et qui m’ont transmis le meilleur du meilleur.

À ma famille.

1- Mon premier cri.

Le vieux fourneau en fonte venait d'être rallumé, il commençait lentement à chauffer, les flammes léchaient le métal qui dégageait des odeurs de graisses fondues et de bois brûlé.
On entendait les bûches s'exprimer par des petits claquements secs.
Comme tous les matins, grand-maman paternelle, avait posé sur la plaque de fonte une grosse gamelle en terre chemisée de lard pour recevoir les œufs.
Le plat rissolait lentement accompagné d’une galette de pommes de terre une sorte de rœsti maison.
Sur la même plaque il y avait une très grande bassine d'eau de source chaude pour la toilette du futur bébé et de sa mère.
Maman était auprès d'elles cassant des œufs frais pour le petit-déjeuner des hommes de la famille .

Le temps était clair, le soleil ne s’était encore levé, il faisait encore un peu frisquet, le printemps s'installait lentement, nous étions un jeudi d’avril, il y a un peu plus d’un demi-siècle.
A cet instant, maman perdit "les eaux" toutes les femmes de la famille se précipitèrent dans la chambre familiale auprès du grand poêle bernois en terre et céramique pour "nous délivrer" l'un de l'autre.
C'est ainsi que je poussais mon premier cri à six heures dix minutes dans notre mas familial Cévenol cinq fois centenaire.
Ma grand-mère me reprochera gentiment mais beaucoup plus tard, de lui avoir fait pipi dessus dès ma naissance.
J’avoue que c’est un détail que j’avais totalement oublié.
Je suis venu au jour sous le signe du bélier, tout prés de la vallée du gardon à la porte des Cévennes.
Il paraît que mon grand-oncle aurait prononcé en provençal : "Lous magnats sous manqua, lou pitiou es bien fat, l’un dans l’autre es pas una mauvaise annade".
Les vers à soie sont manqués, le petit est bien fait, l’un dans l’autre ce n’est pas une mauvaise année …
À ma naissance, mon berceau avait déjà accueilli plusieurs dizaines de générations de nouveaux-nés dont mes sept frères et soeurs.
Il était tressé de différentes variétés de tiges d'osiers et de châtaigniers appelées : l'amour, la tolérance, le courage, la foi, le respect des autres et de la parole donnée.
Anduze était le village le plus proche de notre vielle maison, il était est mondialement connu pour sa célèbre poterie "les enfants de Boisset" au lieu-dit: la Madeleine sur la route de St Jean du Gard.
Ses productions et ses vases en terre cuite vernissée ornèrent dés 1610 au début du XVII siècle, les jardins de grandes demeures seigneuriales d'Europe, du château de Versailles & autres lieux.
Fondée sous Louis Philippe 1er par Eugène Mazel, les anduziens s’enorgueillissaient d’avoir sur leur commune une bambouseraie possédant d’exceptionnelles et immenses variétés de bambous centenaires.
Au centre ville, se trouvait un temple protestant hémisphérique le plus ancien de France et 5 filatures.
À quelques km plus haut dans le canton de St Jean du Gard se trouvait le musée des vallées cévenoles fondé par Daniel Travier, et tout près de là, le village de Mialet abritant sous ses châtaigniers, le musée du mas Soubeyrand haut-lieu du protestantisme Français.

Bien qu’aucune apparition miraculeuse ne soit produite en ce mas, c’était un lieu de pèlerinage, de rassemblements, de souvenirs.
Chaque année, Mialet accueillait en septembre des rassemblements protestants internationaux militaires et civils.
Adolescent, mes parents m’avaient plusieurs fois fait visiter le musée du du désert pour comprendre les raisons historiques de ce drame sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV
Le conservateur du musée était un Pasteur je crois qu’il s’appelait Arnold ou Arnald, les murs de ce lieu transpiraient souffrances et foi des martyrs.
J’entends encore les mots de notre charismatique guide, ses commentaires allaient vers le pardon des bourreaux plutôt que de notre victimisation;
Pour mes parents, il fallait absolument que je connaisse et comprenne le contexte historique afin de ne jamais oublier le sacrifice de nos ancêtres dans ce mausolée de la mémoire pour obtenir le droit de penser autrement.
Ma région de naissance avait été autrefois le théâtre de guerres pour la liberté de conscience, la liberté de chanter des psaumes, de prier , d’exister et d’interpréter autrement les saintes écritures.
C’était une guerre pour affirmer la : « sola scriptura ».
Cette divergence biblique, cette interprétation "réformée" conduira mes ancêtres vers l’exil à Bern en Suisse fuyants toutes les persécutions des troupes de Louis XIV : les terribles dragonnades.

Je suis fier d’être né en terre Cévenole, je n’y ai vécu que partiellement mais je fus nourri dès mon plus jeune âge de la sève de l’héritage huguenot et calviniste, un patrimoine religieux, culturel et spirituel dilué en mon sang.
Cette rigidité, cette discrétion cette philosophie ont étés des atouts pour ma carrière professionnelle et ont animés tous les instants de ma vie, m’accompagnant vers les chemins de Honneur, de la fidélité, de la loyauté .
A peine né, on m’exila, enfin on me transporta, dans ma patrie d’amour et de cœur dans mon autre pays au septentrion de la Suisse.

Pour reparler de mon village de naissance, Anduze est située à quelques km au pied de la corniche des Cévennes, cette fameuse et ancienne route royale reliant Nîmes à St Flour qui fut maintes fois racontée par de grands écrivains dont André Chanson, JP Chabrol et, fut parcourue par Robert-Louis Stevenson lors de son voyage avec un ânesse dans les Cévennes.
Bien d’autres amoureux célébrèrent et chantèrent les cévennes dont Ruben Saillens qui composa avec L.Roucote une Marseillaise Huguenote: la Cévenole.
Les paroles de ce cantique résument en cinq couplets l’histoire de cette terre huguenote.
Les textes de ces écrivains habitèrent, hantèrent longtemps mes lectures, et mes dictées de collégien puis de lycéen, leurs mots m’ont aidé à grandir, à m’instruire, à découvrir & aimer le pays cévenol, ses monts, ses ravines, ses climats.
Notre village est traversé par le gardon, qui se transforme en Gardonnade une rivière colérique lorsqu'il pleut sur les monts cévenols.
Le gardon devient un fleuve dévastateur inondant tout sur son passage. " ( aujourd’hui appelé épisode cévenol)

La vie du village était animée par les sirènes des filatures, les avertisseurs des bus, par le sifflet du petit train à vapeur reliant Nîmes Alès et Anduze jusqu’à St Jean du Gard.
Cette ligne avait été construite par la famille Boudon fin XIXéme siècle pour servir les intérêts des industriels locaux, transporter le bois de châtaignier vers les tanneries, vers les mines, et les écheveaux de soie vers Lyon, ainsi que des grosses pièces industrielles pour l'entretien des machines d'usines.
Aujourd'hui c'est un petit train touristique saisonnier longeant des rives du gardon d’Anduze jusqu’à St Jean du Gard.





2- Une famille parpaillote.

Ma famille paternelle vivait ici depuis presque sept siècles,un historien local, l’avait confirmé à la lecture héraldique de notre blason.
D’après nos archives familiales, nous avions nos souches près de Venise, ce qui était confirmé par des écrits et titres de noblesse dûment enregistrés par d’Hozier.
Notre patronyme avait été par la suite francisé puis régionalisé pour être finalement : helvétisé.
Lors de la troisième croisade, un baron Italien avait guerroyé avec un chevalier français, lequel paraît-il lui aurait sauvé la vie.
Par gratitude, il aurait promis la main de sa fille s'ils revenaient vivants de Terre Sainte .
A son retour de croisade mon ancêtre le Chevalier épousa sa promise, s'installa à St Gilles, s'y établit et créa ma souche.
Dés le début du XIII éme siècle ma famille s'installa à la porte des Cévennes pour y élever le vers à soie et les enfants jusqu'à la proclamation de l’édit de Fontainebleau du 18 octobre 1685.
Ce décret révoquait l'édit de Nantes du 13 avril 1598 pacifiant le royaume de France du Roy Henry IV , garantissant la liberté de conscience et de culte aux protestants.
Comme déjà écrit plus avant, dés la révocation, ma famille avait préféré s’exiler dans un des pays du refuge où les princes admettaient les divergences et la tolérance religieuse.

3- Le nid familial.

Construite vers la fin du XII éme siècle, notre bastide avait été édifiée entre et sur des murs de deux mètres d'épaisseur.
Elle possédait une magnanerie, une clède, un four à pain, une bergerie, une étable et enfin une forge.
La cheminée de la cuisine était si vaste que l’on pouvait y rôtir un veau entier.
Je me souviens d’y avoir vu plusieurs fois y rôtir des volailles, des agneaux et un même un cochon de lait.
Mes grands-parents aimaient beaucoup s’y blottir sous son manteau protecteur préparant et veillant sur le pot de soupe. (pot-au-feu)
Quelques centimètres au dessous du sol, sous les grosses dales, reposaient nos ancêtres.
La bâtisse avait été agrandie, avait épousé la physionomie de la famille au fur et à mesure des unions et des naissances.
Au commencement, elle était dans la dot de la fille du comte de Tornac, beau-frère du baron italien celui qui avait donnée sa fille au chevalier dont je serais parait-il le descendant.
La bâtisse était une sorte de ferme fortifiée construite avec des blocs de granit de plusieurs tonnes.
Les terrasses autour et au dessous que l'on appelait bancels étaient toutes orientées vers le midi, les murs étaient assemblés avec pierres de tailles imposantes, tellement bien ajustées qu'un lézard ne pouvait s'y dissimuler.



4- Les Cévennes et les châtaigniers.

Idéalement situées sur le long de la bordure orientale du massif central, les Cévennes se situent au pied des causses se répartissant entre les départements de l’Ardèche, du Gard et de l’Hérault.
Autrefois les activités traditionnelles des cévenols étaient la culture de l’olivier, du mûrier, l'élevage du ver à soie, les filatures de soie, les châtaigneraies, l’agriculture et le pélardon : fameux fromage de chèvres cévenol.
Nous, nous tissions aussi le cadis, le lin, la laine, récoltions les châtaignes, et nous produisions l’huile de nos oliveraies et notre pélardon.
À ma naissance notre grand-père soucieux c’était posé la question à: le pitiou va-t-il aimer le fromage ?
Autonomes, nous étions des petits seigneurs vassaux du suzerain royal propriétaire de la terre.
Le châtaignier avait été très tôt un arbre presque sacré et essentiel pour les peuples méditerranéens, Théophraste l’appelait communément le gland
de Zeus.
L’arbre était aussi surnommé : l’arbre à Pain.
Il aurait été Implanté dans les Cévennes par les Romains et, développé par des moines venus eux-aussi de St Gilles.

La châtaigne occupe en Cévennes une place de choix autant d’un point de vue gastronomique que culturel.
Dés le mois d‘octobre, le châtaignier voit ses bogues brunir et s’entrouvrir laissant apparaître les fruits prêts à tomber.
Son fruit était essentiel pour l’alimentation, pour engraisser le bétail, pour la beauté des Cévennes, pour fixer les sols, pour son tanin, pour l'imputrescibilité de son bois, pour la vannerie.
Séché dans des clèdes, le fruit du châtaignier servait entr’autre à préparer une soupe locale dite "bajana", soupe de châtaignes traditionnelle cuite au lait de brebis, de chèvres et ou de vaches ou quelques fois dans du vin.
Transformé en farine, nous fabriquions pains et biscuits, les flans, elle était également utilisée pour, singer les viandes, lier les sauces, et enfin, pour préparer les bouillies des nouveaux nés.


5- LA CHÂTAIGNE GRILLÉE

Après les avoir préalablement entaillés pour éviter qu'elles n'explosassent, les châtaignes étaient grillées en "affachées" dans une padelle.
La padelle était une grosse poêle en fer forgé percée de gros trous, avec des bords relevés, munie d'un manche en fer se prolongeant par un long manche de bois.
Mon grand-oncle avait imaginé un cylindre rotatif percé et mût par un tourne-broche, c’était moins spectaculaire que la poêle mais tout aussi bon.
Chaque automne c'était une cérémonie rituelle et conviviale qu'enfants, nous attendions avec nos grands yeux, et nos petits ventres.
Nous étions toutes et tous rassemblés autour de la grande cheminée pour assister, pour gouter la première "affachée".
Cette "cérémonie" était différente selon la région ou le pays dans lequel nous nous trouvions, en Suisse nous la servions lors de la brisolée, et en Corse,
en Castagniccia : en pulenta et grillée.
Mon père excellait dans leur cuisson , il les assaisonnait à la fleur de sel de Camargue, tout en pulvérisant de l'eau de source pour les rendre plus moelleuses.
Le marron quant à lui était transformé autrement : confit, glacé, en confiture ou crème.
La crème de marron accompagnait traditionnellement les crêpes et les gaufres, lors des grands goûters familiaux, et servait à garnir les bûches pâtissières des fêtes de fin d’année.
Salé en purée, elle accompagnait les gibiers lors de la saison de la chasse ainsi que les grosses volailles rôties.

Comme écrit plus avant, à l'arrière saison on consommait des châtaignes, grillée accompagnées, de fromages, charcuteries & viandes séchées, des fruits d’automne, c’était une sorte de brunch que mes cousins Valaisans appelaient "brisolée".
Elle était accompagnée de vins nouveaux ou de cidres.

6 - Mémoires d’automne
fil des saisons

A l’automne nous allions en famille cueillir mûres, myrtilles, framboises, groseilles pour préparer, confits, confitures et les gelées des prochaines saisons froides.
On cueillait les cèpes dans nos "bouletiéres ancestrales" qui se transmettaient de génération en génération comme un secret de famille.
Les cèpes étaient émincés et séchés, ou cuits et conservés dans l’huile d’olive-maison à l’abris de la lumière dans des pots de terre cuite, des jarres émaillées fabriquées au XVII éme siècle à St Etienne-Vallée-Française.
Je me souviens de l’odeur d’huile d’olive, je me souviens de ces moments riches et essentiels pour le jeune garçon sensible que j’étais déjà à cette époque.

Je me souviens encore de l’immense table de châtaignier massif bordée par les membres de notre famille, je me souviens des chants, de l’ambiance, de l’harmonie.
je me souviens enfin des grandes partie de cache-cache avec mes frères et sœurs dans les paniers à cocons surnommés : les gourbins.
Dans l’épaisseur du tablier de notre table de ferme, à l’emplacement de chaque convives, il y avait une excavation une sorte de gamelle incluse, incrustée dans l’épaisseur du bois dans lesquelles on mangeait notre repas.
Les alvéoles étaient nettoyées à la fin du repas avec des cendres.
Notre famille travaillait les champs, la terre, entretenait les arbres fruitiers, cultivait les légumes dans le grand potager cerné et protégé par des ganivelles de châtaigniers.
Dans ce grand potager on cultivait aussi l'oignon doux, les céréales nécessaires pour subsister, et pour élever notre bétail.

Chaque saison avait ses servitudes quelquefois agréables, quelquefois fastidieuses, dont le ramassage des feuilles du mûrier pour nourrir les bombyx (ver à soie ) de la magnanerie , enfin, le ramassage et le séchage des châtaignes.
Dés son éclosion, le petit ver changeait quatre fois de costume et mangeait nuits et jours jusqu’au moment où il crachait le fil en s’enfermant dans son linceul de soie pour se métamorphoser en chrysalide et, renaître en papillon.

Située plein midi, nous avions quelques oliviers 6 fois centenaires dont la récolte était apportée au moulin à huile municipal l'hiver juste après la récolte.
D’autres olives étaient plongées dans une saumure pour être consommées lors des apéritifs.
J'étais toujours auprès de mon grand père pour regarder cet or liquide et parfumé s’écouler entre les filets des filtres d’osier.
Le soir nous la goûtions, on la dégustait en salade après la première pression à froid.
Je me souviens de la récolte des grenades dont les premiers plants paraît-il auraient étés ramenés de terre sainte par les chevaliers des croisades.
Auprès du jardin potager, nous avions la basse-court ou s'exprimaient les poules, coqs, canards oies coqs pigeons, dindes et dindons faisans & faisanes.
Enfants, notre première responsabilité était de ramasser la ponte du jour, d’inscrire sur la coquille la date, et de surveiller l'éclosion des petits poussins.
Nous nous demandions toujours pourquoi dés sa sortie de l'œuf le poussin picorait auprès de sa mère-poule, pourquoi le jeune veau se tenait dés sa naissance debout allaité par sa maman-vache ? c'était mystérieux et magique pour le jeune enfant que j’étais.

Nous étions pratiquement autonomes, et auto-suffisant avant la révocation et après la révolution française jusqu’à mon adolescence
Nous avions cinq cochons qui après êtres engraissés aux pommes de terre bouillies, à tous nos restes, ainsi qu'au maïs & châtaignes finissaient inexorablement dans nos assiettes en boudins, saucisson & diverses charcutailles et jambons.
D’autres étaient transformés en jambon « de la borne » comme ceux qui étaient préparés à Prez-vers-Siviriez dans le canton de Fribourg en Suisse.
J'étais horrifié lorsqu'on tuait le cochon par égorgement.
Longtemps après j'entends encore son cri, je croise encore leurs regards dans mes cauchemars.
Enfant, j’aimais ouvrir les portes des écuries et des étables pour libérer les troupeaux de quarante-cinq chèvres, six vaches quelques moutons et des deux chevaux de labour, je me sentais important…
A l’époque de mon enfance, nous ne manquions de rien d'essentiel, nous étions pratiquement et presque auto-suffisants.
Nous ne parlions jamais d'argent il n'y en avait pas officiellement mais je vis plusieurs fois les bas de laine s'ouvrir lorsqu'il y avait une grande décision à prendre. C'était tellement agréable et mystérieux d'entendre tinter l'or et l’argent, de voir ces pièces et Louis magiques briller.
L’or faisait partie des secrets de famille au même titre que les bouletieres à cèpes et des circonstances de la mort.

7- NOS VIGNES

Nous avions des vignes à vins dont un cépage le Clinton, était très controversé, des raisins de table, l'aramon, le cardinal, du chasselas, du muscat.
Nous vendangions les grappes gorgées de soleil et attachées au sarment.
Elles étaient conservée suspendues à leur cordon ombilical une partie de l'hiver restant reliées à ce sarment nourricier.
Nous avions des figuiers, mon grand-père nous disait que ses fruits étaient des larmes de soleil, nous avions des pommes, poires, coings et autres fruits séchés où confits.
Ils garnissaient et illuminaient les différentes manifestations des fêtes païennes, chrétiennes et juives qui ponctuaient nos hiver en Suisse où en Cévennes.
Enfants nous apprenions à battre la crème à l’aide de la nouvelle baratte achetée sur le catalogue manufrance.
Nous aimions beaucoup goûter le beurre frais, de vache et de chèvre que nous étalions aussitôt sur d’immenses tartines d’un pain de campagne recouvertes de miels ou confitures maison.
Nous fabriquions également différentes sortes de fromages, à pâte cuite ou affinées avec lesquels nous préparions notre raclette locale et le Pèlardon pur chèvre des Cévennes.
Lors de nos migrations vers l’un au l’autre de nos pays, nous emportions en Suisse ce que l’on n’y trouvait pas et vice versa.
Nos copains des deux pays étaient toujours ravis de découvrir et de partager avec nous une autre culture alimentaire, d’apprécier de nouvelles saveurs.

Lors des grandes occasions on rallumait le four à pain pour cuire,les pâtés, les terrines, sécher puis transformer les prunes en pruneaux, pour cuire le pain des cousinages et des voisinages tous réunis autour de l'antique four cinq fois centenaire ...



8- L’ ÉDUCATION DES ENFANTS

La mission familiale première était, d'éduquer, d'élever, d'aimer, les enfants, de transmettre des valeurs solides, d'inculquer les traditions familiales, de les préparer à servir la France, ou la Suisse et mourir pour l'une ou l'autre s'il le fallait .
J’ai toujours connus mes parents, grands parents présents, et au travail.
Les mots vacances, restaurant, hôtel, étaient absents de leur vocabulaire et de leurs habitudes.
Toute ma jeunesse j’ai entendu : Soyez propres, soyez polis et gentils se sont les clés qui ouvrent toutes les portes, c’étaient les consignes permanentes de tous les membres de notre famille vivants avec nous.
Dés l’enfance nous fûmes forgés et trempés dans le métal de la vie.




Avant d’aborder un autre épisode de ma vie, dans lequel je parlerais des autres membres de ma famille, de l’oncle Elie, qui était devenu berger après avoir été un officier héros servant dans la treizième 1/2 brigade de la légion étrangère, puis de l'oncle Albin, officier général aviateur qui nous faisait rêver lors des agapes familiales.
Il avait été abattu quatre fois, veuf, il vivait avec nous et auprès de nous sa cinquième vie.
L’oncle Emile , était devenu maréchal ferrant après une vie de miltaire dans les régiments de montagne et dans les forts Suisses.
Nous avions aussi une auberge à abeilles: un rucher habité par une variété d'abeilles noires qui auraient étés ramenées elles-aussi de terre sainte.
Notre général savait parler et soigner nos abeilles qui le lui rendait bien.
Déguisés comme des momies nous assistions notre général qui récoltait le meilleur miel du monde.
L’hiver, il animait un atelier-enfant pour nous apprendre la fabrication des bougies ainsi que la préparation de la cire à meubles avec de l’essence de térébenthine.
Très très entouré, mon enfance fût riche : très très riche

J’espère tout bientôt vous retrouver dans un monde en paix et sans virus.

avec mes meilleures salutations
best regards
mit freundlichen grüsse
cordiali saluti

bottom of page